Allemagne

 

...Dresde...Leipzig...Meissen...Weimar...Erfurt...Bamberg...Nuremberg...Rothenburg...Heidelberg...

 

Lundi 16 août 2004

Lever à 8h30 et grand départ. Tous ces bagages à refaire et à ranger dans la voiture… c’est le moment désagréable de la journée. A 10h30, nous démarrons tout de même de l’hôtel, direction Dresde. Nous mettons une bonne demi-heure pour sortir de Berlin. La ville est vaste et je n’ai aucune indication précise. Je roule donc plein sud, me disant que je finirai bien par retrouver la route de Dresde. Cela sera le cas, mais nous traversons des parties de Berlin bien démunies, dans les quartiers est de la ville. Nous avons environ 180 kms d’autoroute à parcourir mais comme il y a beaucoup de travaux, nous devons souvent rouler à 60 à l’heure. Nous traversons de grandes plaines boisées de conifères.

Nous arrivons à Dresde vers 14h00. l’hôtel Mercure se trouve à l’entrée de la ville, à quelques kms du centre, juste au bord de l’Elbe. Il s’appelle d’ailleurs Elbepromenade. Cela sera l’hôtel le moins plaisant du voyage. A peine le confort d’un Novotel, décoration un peu vieillotte, chambre et salle de bain de petite taille, environnement pas très sympa (un concessionnaire automobile comme voisin et la nationale qui passe devant), un lobby sans intérêt : on ne gagne pas à tous les coups…Nos déposons les affaires et repartons immédiatement vers le centre ville. Il est 14h30 et nous déjeunons à la terrasse du premier restaurant que nous trouvons, les filles sont affamées. Puis, nous commençons la visite du centre ville historique.

Dresde

Dresde est une ville de 500.000 habitants, la deuxième de l’ex Allemagne de l’est après Berlin. On la surnomme la Florence de l’Elbe. C’est effectivement une ville d’art et nous sommes très surpris de la magnificence des bâtiments dont regorge le centre ville. La ville fut donc une grande capitale artistique et culturelle au 18ème et 19ème siècle, mais connu « l’apocalypse » en février 1945, lorsque les alliés la bombardèrent complètement (en une nuit), tuant des dizaines de milliers de personnes. La ville fut reconstruite : les monuments, méticuleusement reconstitués, et les immeubles d’habitation, dans le style pur jus RDA. A l’heure actuelle, Dresde se débarbouille, c’est le grand nettoyage post-soviétique. Il reste encore du travail jusqu’à 2006, où la ville fêtera son 800ème anniversaire et son retour dans la cour des grandes capitales culturelles est européennes (Prague, Cracovie, Budapest,…).

Nous commençons notre visite par le centre historique. Déception, l’Albertinium, qui abrite la galerie d’art moderne, est en restauration et la collection n’est donc pas visible. Nous empruntons alors la promenade au bord de l’Elbe où se trouvent concentrés la majorité des grands bâtiments classiques de Dresde : le château, l’église Notre Dame, l’opéra, et surtout le Zwinger, palais baroque du 18ème siècle, qui abrite au moins cinq musées. L’ensemble a vraiment du caractère et je n’imaginais pas que cette ville avait une si riche architecture. Dommage, tout n’est encore pas totalement restauré et les bâtiments doivent encore être lavés parce qu’ils sont noirs de crasse, mais lorsque tout ceci sera nettoyé et pimpant, cela sera magnifique.

 

Dresde

Nous atteignons le Zwinger pour visiter la galerie des maîtres anciens. C’est une riche collection de maîtres du 15ème au 18ème siècle. Ils sont presque tous là : Cranach, Holstein, Véronèse, Raphaël, Tintoret, Rembrandt, Murillo et une très impressionnante collection de Canaletto qui a beaucoup peint Dresde. Nous prenons un café à la terrasse de la brasserie installée au pied du musée, puis continuons notre ballade dans le centre de la ville et plus particulièrement vers l’hôtel de ville. Nous trouvons en ce centre une grande galerie commerciale moderne où se trouve un supermarché (qui ressemble enfin à un supermarché français !). Nous y faisons quelques courses, puis retour à l’hôtel où nous dînons. Nous restons à l’hôtel également pour le reste de la soirée, prenant un dernier café sur la terrasse qui donne sur l’Elbe. Il y a beaucoup de monde au restaurant de l’hôtel, un bus est stationné devant.

Dresde

Mardi 17 août 2004

Lever à 9h00 pour un départ à 10h00. La journée sera consacrée à la visite de la Suisse saxonne, région située à l’est de Dresde. Sortie de Dresde en longeant l’Elbe et de jolies rues avec des maisons très cossues, puis nous prenons la direction du Bastei, par la rive droite de l’Elbe. Le Bastei est un site spectaculaire de pitons rocheux qui dominent l’Elbe à 200 mètres de hauteur. Il y a beaucoup de monde sur ce site mais le panorama sur l’Elbe est très impressionnant. Cela me fait un peu penser à la courbe du Danube, au nord de Budapest. Nous prenons ensuite la direction de l’est vers la petite ville de Bad Schandau, où nous traversons le fleuve, puis remontons vers l’ouest jusqu’à la petite ville de Königstein, dominée par une forteresse.

Le Bastei

 

Nous déjeunons (très bien) dans une petite auberge du cru puis prenons un bus à impériale puis un petit train, puis un ascenseur ( !) pour rejoindre la forteresse et la visiter. C’est un vrai nid d’aigle, qui domine toute la plaine de l’Elbe. La forteresse en elle-même a été largement rénovée et c’est surtout le site qui vaut le coup d’œil. La visite sera malheureusement gâchée et écourtée par une violente averse orageuse, et c’est presque trempé que nous arrivons à rejoindre notre voiture, en ayant repris inversement ascenseur, petit train et bus à impériale ! La route du retour pour Dresde est très lente, surtout pour la traversée de Pirna que nous mettons plus de ¾ d’heure à traverser à cause d’un malheureux feux rouge. Si le pays se modernise et la circulation automobile s’amplifie, les structures routières ne sont plus adaptées pour absorber le nouveau trafic, mais encore configurées pour absorber les quelques Trabant d’il y a quelques années.

Vers 17h30, nous arrivons à l’hôtel et nous reposons un peu. Dommage que le mauvais temps ait gâché cette après midi en Suisse saxonne. Mais ne nous plaignons pas, c’est la première averse sérieuse qui nous ennuie vraiment. A 18h30, nous repartons pour le centre de Dresde, où nous dînons dans le centre commercial (au Nordsee), puis nous nous baladons dans la vieille ville. Celle-ci est cependant peu animée, avec ce ciel grisâtre. Retour à l’hôtel vers 22h30.

Mercredi 18 août 2004

Réveil vers 9h00 et départ à 10h00 pour Leipzig, distant de Dresde d’une centaine de km, avalés en une heure. Leipzig, ville de 500.000 habitants, est d’une physionomie très différente de Dresde. Elle semble plus vivante, plus active et plus industrieuse. Son patrimoine architectural est plus modeste mais le centre est en pleine rénovation : les chantiers sont partout présents. C’est une ville intellectuelle et universitaire. Nous allons principalement nous balader dans toutes les artères du centre ville. Sont à voir particulièrement l’ancien et le nouvel hôtel de ville. Nous déjeunons à la cafeteria d’un grand magasin, toujours bien pratique, puis allons visiter la gare, une des plus grandes de l’est, et qui a fière allure après sa rénovation totale.

 

Leipzig

Dommage pour le musée des beaux arts, là aussi fermé. En fait, un nouveau bâtiment (cubique, comme à l’habitude…) a été construit et les collections seront visibles à partir de décembre 2004. Trop tôt donc pour la nouvelle implantation et trop tard pour l’ancienne qui vient juste de fermer… Pas de chance avec les musées des beaux arts des anciennes villes de l’est ! Nous prenons un café à une terrasse ensoleillée, un temps magnifique s’est de nouveau installé et regagnons notre voiture. Leipzig, que nous n’avons qu’entre aperçu, me laissera un excellent souvenir ; celui d’une ville riche, qui bouge et qui n’a pas tardé à quitter ses habits sombres d’une ville de l’ex RDA.

Nous reprenons la route de Dresde et quittons l’autoroute à une trentaine de km en amont pour se rendre à Meissen, petite ville vinicole et capitale de la porcelaine. Les petites routes de campagne que nous empruntons pour nous y rendre sont très agréables. Nous nous arrêtons dans un champ d’éoliennes. Je suis toujours très impressionné par ses immenses moulinets qui recouvrent une grande partie du territoire allemand. L’Allemagne a visiblement fait un choix beaucoup plus volontariste que la France en matière d’énergie propre. Les allemands ont abandonné le nucléaire, alors que nous, nous partons pour un nouveau cycle… Bon, je n’ai pas toujours été contre le nucléaire… Mais, quand on étudie et se renseigne un peu sur ce que représentera dans futur la gestion des déchets, il y a de quoi avoir peur… Pour assurer la sécurité de ces déchets, il faudra dépenser des sommes considérables pendant des dizaines, voir des centaines d’années. Comment peut-on être sûr que des mesures coûteuses seront prises dans le futur pour quelque chose qui sera devenu totalement improductif !! Il ne coûte rien aux pouvoirs actuels de s’engager sur ce que feront les pouvoirs futurs, c’est bien là le problème….

Pour en revenir à nos éoliennes, par centaines, par milliers, elles « décorent » donc la campagne allemande. Moi, je trouve qu’un champ d’éoliennes à une certaine beauté… Pour ceux qui crient à la défiguration du paysage, je dis que c’est le prix à payer si l’on souhaite garder notre confort : dans moins de 100 ans, il n’y a plus d’énergie fossile sur terre. Ou tout du moins, exploitable pour un prix abordable. Il faudra bien des solutions de remplacement ! Nos campagnes seront alors couvertes sur des millions d’hectares de panneaux solaires, et cela ne sera plus des champs, mais des forêts d’éoliennes ! A moins que l’on maîtrise la fusion nucléaire, si tout ne nous a pas pété à la figure d’ici là ! (J’arrête mon délire !!).

Meissen

Nous arrivons à Meissen, qui est une petite ville de 50.000 habitants fort coquette, au bord de l’Elbe. Nous montons à pied à la cathédrale, qui domine le bourg du haut de la colline, puis nous baladons un peu dans la ville. Nous rejoignons Dresde par la route qui longe l’Elbe et qui est très jolie. Nous dînerons à l’hôtel et y passerons la soirée. Je remarque sur l’hôtel une marque indiquant le niveau de la crue de l’Elbe durant l’été 2002 : c’est impressionnant. Tout le sous sol de l’hôtel et le garage était à l’époque sous l’eau et toutes les maisons alentours avaient leur rez de chaussée complètement noyé. L’autre crue importante notée était dans les années 1840, et il y avait un mètre en moins… Cette crue de 2002 fut vraiment exceptionnelle. Je m’en souviens très bien, car nous étions en voyage en Croatie, et dans le nord du pays, nous avions essuyé du très mauvais temps, dans la partie sud de la dépression. Cette année, l’Elbe est presque à sec et les bateaux peuvent à peine naviguer…

Jeudi 19 août 2004

Lever tardif à 10h00. Nous prenons la route à 11h30. Direction Weimar, que nous atteignons à 13h30. Nous déjeunons dans une pizzeria, à défaut de restaurant plus rapide. Petite ville de 60.000 habitants, elle eut un rayonnement culturel très important en Allemagne. 

Weimar : la maison de Goethe

C’est la ville de Goethe et de Schiller, deux des plus grands écrivains et philosophes allemands. La ville, objectivement, ne nous a pas enthousiasmé. On peut y voir quelques vieilles maisons, un beau parc avec la petite maison de Goethe, et c’est à peu près tout. Nous ne nous y attardons pas et quittons la ville vers 16h00, pour une arrivée à Erfurt une demi-heure après. Erfurt sera une étape d’une nuit.

Erfurt

 

J’ai réservé dans un Dorint, chaîne hôtelière spécifiquement allemande rachetée par le groupe Accor. Là encore, bonne surprise, car pour un peu plus de 50 euros, on nous donne deux chambres contiguës, une pour les enfants et une pour les parents. Nous sommes très bien installés puisqu’il s’agit en plus d’un bon trois étoiles. Dans le parking souterrain de l’hôtel, j’ai la surprise de ne voir que des coupés et cabriolets Mercedes 230 ou 280 (par dizaines…), magnifique voiture produite dans les années 60. Cela a toujours été, je dois l’avouer, ma voiture préférée, un bijou d’esthétique… je m’en mets donc plein les yeux ! il s’agit en fait d’un rallye de fanatiques qui fait halte ici. Si les voitures sont encore belles et jeunes, la majorité des conducteurs ont déjà de la bouteille !!! Et certains peinent un peu pour s’extraire de leur place après s’être stationné. Vu le prix de ces voitures de collection, cela ne peut être qu’une passion tardive pour cadres et professions libérales argentées et en retraite.

Après s’être installé, nous partons pour une petite ballade en ville. Celle-ci se révèle tout à fait intéressante. La ville présente de belles façades, de nombreuses églises et semble dynamique. A noter, l’intéressant pont des Epiciers, qui est en fait un pont habité, avec des maisons construites dessus, le seul de ce type en Europe du Nord. Nous regretterons de ne passer à Erfurt qu’une courte soirée, la ville méritait sans doute mieux. Repas et soirée à l’hôtel. Je profite de l’agréable hammam, sauna et jacuzzi mis à disposition de la clientèle (où je suis d’ailleurs seul et tranquille).

Vendredi 20 août 2004

Lever à 8h00 et départ à 10h00 par les petites routes, pour changer. Nous allons traverser la forêt de Thuringe. C’est une région montagneuse et boisée qui ressemble pas mal aux Vosges. La route est en lacet et nous traversons de nombreux petits villages, qui sont des lieux de villégiature. C’est une jolie région. Arrivée à Coburg, première ville à la frontière de l’ex RDA (que nous ne visitons pas), puis cap sur Bamberg, porte d’entre nord de la Bavière, que nous atteignons vers 12h30. Bamberg est une ville de 70.000 habitants, qui fut préservée des bombardements et qui a donc gardé un cachet de ville médiévale et de la renaissance.  Elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Bamberg

C’est une ville extrêmement touristique, la plus touristique que nous ayons vu jusqu’à maintenant. Un tourisme essentiellement allemand. La ville est, parait-il, considérée par les Allemands comme la plus représentative du pays (dixit guide vert Allemagne). Nous commençons par chercher un restaurant et nous déjeunons dans un libanais très bon et peu onéreux. Le temps est un peu instable, nous sommes en terrasse et une grosse averse orageuse surprend tout le monde, heureusement, nous sommes abrités par de gros parasols… Cela va vite se dégager et nous pourrons visiter la ville sous le soleil. Cela en  vaut vraiment le coup : de nombreuses maisons à colombage lui donnent beaucoup de cachet. Nous montons ensuite dans la partie supérieure de la ville où se trouve la cathédrale, l’ancien et le nouveau palais épiscopal.

L’ancien palais a une magnifique cour avec des maisons à colombage moyenâgeuses, avec un toit très pentu et des galeries en bois fleuries. Dans le nouveau palais, se trouve une belle roseraie à partir de laquelle on a une vue sur toute la ville. Nous redescendons vers le centre pour y voir également deux autres curiosités : l’ancien hôtel de ville, curieux édifice perché sur un îlot de la rivière qui traverse Bamberg, et également la « petite Venise » (encore une ! il y a je ne sais combien de petites Venise dans le monde…), où de belles maisons très fleuries se mirent dans l’eau du canal.

Quelques courses dans un « Norma » pour le repas du soir avant de reprendre la route. Bamberg est une belle étape. Il nous reste 50 kms d’autoroute pour arriver à Nuremberg, notre étape pour deux nuits. Après encore quelques petites péripéties pour nous y retrouver, nous nous installons dans l’hôtel Mercure réservé sur cette ville, en banlieue sud. Hôtel vaste, construction devant dater des années 70. La chambre que l’on nous loue est très grande, d’un confort type Novotel. Comme les filles sont fatiguées, nous resterons à l’hôtel le soir. Je pars avec elle faire une ballade dans le très grand parc qui se trouve derrière. Ce parc a une grande valeur historique, je le découvrirai en détail le lendemain. Pour l’instant, nous profitons de la douceur du soir, du calme, des espaces d’eau. Dîner et soirée à l’hôtel.

Samedi 21 août 2004

Lever un peu tardif à 9h30. Nous commençons la visite de Nuremberg par l’ancien parc des congrès nazi, qui se trouve implanté dans le parc adjacent à l’hôtel. Il ne reste des infrastructures que souhaitaient construire Hitler que quelques bâtiments, dont l’arène, le terrain des Zeppelin et l’immense allée martiale, qui devait servir aux parades militaires. Un grand stade et d’autres projets annexes n’ont jamais été achevés ou on été détruits. Rappelons que Nuremberg était un fief des nazis, qui y tenaient régulièrement leur congrès. La ville fut bien évidemment très détruite pendant la guerre (elle était réputée comme une des plus belles d’Allemagne) et est connue pour le procès qui s’y déroula après guerre, où une vingtaine de dignitaires nazis furent jugés, pour la première fois dans l’histoire, de crime contre la paix et l’humanité. Il ne reste guère de choses à voir des bâtiments et cela n’est pas vraiment entretenu (pourquoi entretenir cela d’ailleurs, cela serait d’une certaine manière entretenir le souvenir des nazis). Par contre, dans l’arène, on peut visiter une brillante exposition multimédia sur ce que fut l’histoire et le développement du nazisme en Allemagne, et à Nuremberg en particulier. On reste ébahi lorsqu’on voit comment une idéologie aussi inhumaine, effroyable que le nazisme réussit cependant à asservir, contrôler, et conduire un peuple à la plus pure folie (la guerre au monde, la Choa), a tel point qu’il souffre encore d’une culpabilité certaine plus de 50 ans après. Tout est très bien présenté, didactique, dans une logique terriblement glaciale… J’ai particulièrement apprécié les reconstitutions en image de synthèse de l’ensemble des projets qui devaient être réalisés dans ce parc : une architecture hors norme, massive, mégalomane, prétentieuse, dont le gigantisme devait exalter les foules et écraser l’individu, au service de la nation allemande mais surtout de la folie de Hitler et des siens. Un grand moment du voyage, pour moi tout du moins. Il me semble tellement nécessaire de faire ses exercices de souvenir. Tout ce qui s’est passé est finalement si proche de nous et on ne peut pas être sûr du tout que cela serve de leçon… Je ressens en sortant de cette exposition le même sentiment qu’à Auschwitz, en Pologne, que j’avais visité pour les mêmes raisons : entretenir le souvenir de l’horreur et se faire rappeler à l’esprit qu’il faut être vigilant.

Notre petit confort bourgeois d’occidentaux nantis (je me comprends totalement dans le lot…) a tendance à nous ramollir le cerveau : si les menaces sont d’un type différent aujourd’hui (quoi que…), elles sont portant bien réelles. Une me fait particulièrement peur, c’est la mise en danger de nos libertés fondamentales par le fichage, le suivi de nos traces, avec le développement des traitements informatiques, amplifié par le contexte sécuritaire lié au terrorisme. Pour cela, il suffit de regarder vers les Etats-Unis, qui sont toujours dix ans en avance sur nous… Et ça, c’est le début d’une nouvelle forme de dictature, insidieuse, qui sous prétexte de sécurité et de protection de la démocratie, détruit petit à petit nos libertés individuelles. Car, n’ayons aucun doute sur le sujet, toutes les données récoltées à notre sujet (la majorité à notre insu), sont traitées d’une manière ou d’une autre, le plus souvent commercialement (c’est le moins grave), mais sans aucun doute à d’autres niveaux… et là, si vous sortez du rang (c'est-à-dire si vous n’êtes pas politiquement correct), à mon humble avis, vous aurez de plus en plus de problèmes dans l’avenir. Déjà, on se fait refouler de plus en plus facilement à l’arrivée aux Etats-Unis…

Bon, j’arrête là cette longue digression qui n’a plus grand-chose à voir avec l’Allemagne, mais je ne peux m’empêcher dans la rédaction de mes carnets de déborder sur les thèmes qui me tiennent à cœur. Qu’on m’en excuse… Mon but n’est pas non plus de convaincre de quoi que ce soit, juste une modeste tribune pour mes quelques idées !

Nuremberg

 

Nous partons après l’exposition vers le centre de la ville. C’est une ville fortifiée depuis le 15ème siècle et les fortifications n’ont pas trop soufferts pendant la guerre. Les bâtiments à l’intérieur de la ville ont par contre été souvent détruits (et reconstruits). On peut voir la belle place du marché, puis toutes les artères commerçantes aux alentours. Nous déjeunons dans un Nordsee. Nous nous rendons ensuite au nouveau musée d’art contemporain et de design, avec une architecture très intéressante puisque la façade est totalement vitrée et on peut donc voir de l’extérieur les collections (et les visiteurs !). Nous décidons de ne pas visiter le musée national germanique, immense, la plus importante collection d’objet d’art en Allemagne : nous commençons à fatiguer après ces trois semaines de voyage. Avec regret, mais il faut faire des concessions aussi pour les filles. Nous partons enfin vers le château qui domine la ville et les nombreuses églises.  Nuremberg, qui a 500.000 habitants, n’est pas la ville qui nous aura le plus plu mais elle présente cependant une ambiance agréable et mérite de s’y arrêter. Vers 17h30, nous rentrons à l’hôtel, sans ambition d’en repartir pour la soirée, nous aspirons à un peu de repos et de tranquillité (toujours facile à dire avec les filles).

Dimanche 22 août 2004

Départ à 10h00 de Nuremberg. Une heure d’autoroute pour rejoindre Rothenburg. C’est une petite bourgade de 10.000 habitants, qui est en fait une sorte de musée médiéval. La ville n’ayant pas subi de grosses destructions pendant la guerre et son urbanisme n’ayant jamais été gâché par des constructions modernes, elle a beaucoup de cachet. Le revers de la médaille est qu’il s’agit d’une ville qui vit quasi exclusivement du tourisme et qu’elle est sur tous les parcours touristiques : la foule des visiteurs est très internationale… C’est ici (et à Bamberg) que nous avons vu des cars entiers de Japonais, ce qui est symptomatique. La ville est située en hauteur et domine la vallée de la Tauber. 

Rothenburg

Elle est protégée par des fortifications, ce qui renforce son aspect de cité médiévale. Toute la ville mérite d’être parcourue à pied, mais c’est bien sûr en son centre, près de l’hôtel de ville, que les maisons sont les plus belles. Nous déjeunons dans un des nombreux restaurants touristiques de la ville, en en choisissant un un peu à l’écart tout de même du centre. Honnête, mais pas vraiment authentique tout de même ! Rothenburg est une étape incontournable, c’est vraiment la petite cité allemande de carte postale. Elle en est devenue hélas trop courue et a perdu sans doute beaucoup de son charme et de son âme, et c’est bien là la contradiction du développement du tourisme !

Vers 15h30, nous prenons la direction de Mannheim (300.000 habitants), qui se trouve à 150 km, et que nous atteignons à 17h00. Mannheim n’est qu’une ville étape, que j’ai choisi en fonction des tarifs des Novotel ! Il n’y a à priori pas grand-chose à y voir. L’hôtel se trouve à la périphérie de la ville et est doté d’une piscine. Les sacs immédiatement déposés, nous allons donc en profiter avec Armance, le temps étant au beau. Je pars seul ensuite me balader vers le centre ville, regrettant finalement de ne pas avoir pris la voiture pour me faire une idée plus précise de la configuration du centre. Le soir, comme il s’agit de la dernière nuit en Allemagne, nous décidons de dîner au restaurant du Novotel. Evidement, comme prévu, cela ne se passe pas très bien avec les filles ; c’est cher, pas terrible et elles ne mangent presque rien. Et on s’en tire pour plus de 40 euros, alors que nous n’avons pris de 2 plats et 2 menus enfants… Ceci confirme bien que nous avons eu la meilleure idée à dîner dans la chambre durant ce voyage !

Lundi 23 août 2004

Dernière journée en Allemagne. Bien évidemment, comme pour chaque voyage, nous constatons que le temps a passé très vite. Nous avons le sentiment d’une grande richesse de souvenirs, avec toutes ces villes visitées, et aussi un peu de confusion : nous avons vu tellement d’églises, de monuments, de musées… Heureusement que je prends des notes !

A 9h30, nous quittons notre Novotel et faisons une petite visite de Mannheim en voiture. J’aurais bien visité le musée, qui est réputé, mais nous sommes lundi et il est fermé. Mannheim a un plan urbanistique très simple en damier. Je ne sais pour quelle raison, peut être par le soleil et par l’architecture moderne et homogène du centre ville, j’ai le sentiment bizarre de rouler dans une ville balnéaire. Je ne trouverai jamais la plage au bout d’une rue ! Toujours est-il que Mannheim, sans être jolie, a un centre ville vivant et pas désagréable (le constat serait peut être plus mesuré en hiver…). Suite à une petite erreur d’aiguillage, nous nous retrouvons dans Ludwighafen, qui est la ville immédiatement collée à Mannheim. Et là, on retrouve bien la réalité industrielle de l’Allemagne : usines, cheminées, entrepôts, autoroutes urbaines qui s’entrecroisent. Moi qui me voyait à la mer quelques minutes auparavant…

Nous prenons la direction de Heidelberg, à une vingtaine de kms de Mannheim. Haut lieu du romantisme allemand, c’est bien sûr son château qui nous intéresse le plus. Dominant la vielle ville et la vallée du Neckar, il a beaucoup de caractère. Là aussi, les visiteurs sont très nombreux. L’entrée est assez chère et permet de visiter les extérieurs. Si l’on souhaite visiter les bâtiments, il faut s’inscrire et payer une visite guidée, ce que nous ne ferons pas. Une grande partie des corps de bâtiments est en ruine, ce qui renforce le romantisme de l’ensemble. De la terrasse du château et des jardins, on a une très belle vue sur la ville et le fleuve.

Heidelberg

La visite terminée, nous prenons la direction de Karlsruhe, où nous décidons de déjeuner. Franchement, cette ville de 300.000 ne présente que peu d’intérêt, et son centre a du mal à être agréable, bien qu’il soit en partie piétonnier. Un beau musée de peinture est à y voir, mais c’est lundi et donc fermé. Et puis, nous sommes sur la route du retour, plus très disponible intellectuellement pour apprécier nos dernières visites. Arrivée à la frontière française à Strasbourg. Le trajet pour rejoindre Colmar, puis le col de la Schlucht, est long et laborieux (circulation, travaux). C’est vers 18h00 que nous arrivons à notre village vosgien natal, Cornimont, où nous retrouvons nos parents.

 

Notre bilan de ce périple en Allemagne :

La bonne organisation du voyage (rapport qualité prix des hôtels, intérêt des étapes,..), l’absence de soucis majeurs lors du parcours, la météo très clémente sur une grande partie du trajet et notre plaisir à visiter les villes et les musées ont fait de ce périple en Allemagne une belle réussite. Bien sûr, le voyage n’a pas toujours été amusant pour les filles (voiture, visite des musées), nous les mettons à rude épreuve et je leur rends hommage : elles suivent comme des petits soldats, même si parfois, cela grince un peu.

L’Allemagne n’est pas une destination exotique, c’est sûr... Mais il est urgent de mieux connaître nos voisins directs, le destin politique de nos deux pays se mêlant de plus en plus (et j’en suis personnellement très content). Et puis, comme j’espère l’avoir montré dans mon carnet, on y fait de nombreuses étapes plaisantes et de très belles découvertes en matière d’architecture, d’art et d’urbanisme, dans un pays qui se révèle très accueillant.

 

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