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photo : D. Frasnay |
Bernard Lorjou (1908 - 1986)
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Si peu connu du public français, parce que
refusé, rejeté, interdit. Il l'a cherché, aussi. Provocateur, anarchiste, pas de
compromission - ou si peu. Sa peinture, je l'ai découverte par hasard, par
l'intermédiaire de son 'biographe', Georges Gérard. "Lorjou, le peintre du
siècle", une évidence : ses oeuvres multiples sont les témoignages picturaux des
faits les plus marquants de notre siècle.
L'Age Atomique, la Bataille d'Abadan, la Peste en Beauce, le roman de Renart, Rodéo
à Sarcelles, le matin du couronnement, la force de frappe, l'assassinat de Sharon
Tate,
le SIDA, etc... Figurative, éclatante, sa peinture sera reconnue, après le purgatoire,
comme une des plus puissantes et des plus significatives du 20ème siècle.
JCG
Actualité :
Trois expositions LORJOU au cours de l'été 2003 à BLOIS :
«LORJOU, le dessinateur»
50 dessins monochromes et polychromes
Maison
du Loir et Cher
6, place Victor-Hugo, 41000 Blois
Vernissage: le 19 juin 2003
Contact: Mme Marina VAN DEN BROUCQUE, Conseil Général de Loir et Cher
Tel: 02 54 58 41 41 / Télécopie: 02 54 74 85 04
Du
26 juin au 31 août 2003
«LORJOU, le graveur»
Lithographies, Eaux-fortes, Gravures sur bois et
Livre gravé «Le Bestiaire de Guillaume Apollinaire»
Chambre
des Notaires de Loir et Cher
12, place Jean Jaurès, 41000 Blois
Vernissage: le 26 juin 2003
Contact: Mme Evelyne SAUTEREAU Tel: 02 54 78 13 16 / Télécopie: 02 54 78 96 02
Du
4 juillet au 3 août 2003
«LORJOU, le peintre»
30 peintures choisies parmi les œuvres de vingt dernières années de l’artiste.
Château de Blois
Vernissage: le 4 juillet 2003
Contact: M. Hervé BOURIT, Direction culturelle de la Ville de Blois
Tel: 02 54 44 51 86 / Télécopie: 02 54 78 49 62
Un catalogue est édité par l’Association Bernard Lorjou
Ces
informations me sont transmises par l'association BERNARD
LORJOU
19, rue du Mont-Cenis, 75018 Paris
A contacter:
Mme Junko Shibanuma
7, rue de Bellevue, 41000 St. Denis-sur-Loire
Tel et fax: 02 54 78 62 05
E-mail: je.shibanuma@wanadoo.fr
Expos 2002 :
Bernard Lorjou, un artiste témoin de son temps - du 22 juin au 1er septembre 2002
Expos 2001 :
- Lorjou, petits formats - du 28
octobre au 28 novembre 2001
Galerie 26, 26 place des Vosges, 75003 Paris
- Lorjou, oeuvres de 1970 à
1986 - du 9 au 30 novembre 2001
Galerie Médicis, 9 place Victor Hugo, 25000
Besançon.
Synopsis du livre de mon ami Georges Gérard : "Lorjou, le peintre du siècle" Éditions Publisud (1989).
Il s'agit de la première biographie écrite sur Lorjou, et la seule de son vivant, par son ami Georges Gérard. C'est Lorjou qui lui a demandé d'écrire ce livre. A fait suite à cette demande un nombre important d'entretiens, qui ont été enregistrés sur bande magnétique, et dont j'ai pu écouter quelques extraits. Je rends ici hommage à mon ami, décédé en 1999, pour que ne soit pas oublié son travail sur ce peintre immense, que l'avenir consacrera. |
"50 ans, flambe sous le pinceau de Lorjou, l'actualité la plus brûlante. Décolonisation, apartheid, déportation, conflits (Algérie, Viet-nam, Liban, Afghanistan), nucléaire, répressions et massacres (Budapest, Pologne, Sabra), aliénations, terrorisme, pillage du tiers monde, terreur du sida, jalonnent sa démarche de réveilleur des bonnes consciences à dessein désinformées ou anesthésiées dans leur bien-être. Sa toile est-elle "refusée", voire "interdite" par le Gouvernement, irréductible, il monte, seul, en des sites si insolites des expositions fracassantes. Timorées ou asservies les médias se taisent. Réduit à merci. Macache ! Désormais pestiféré, il poursuit toujours à contre-courant sa trajectoire infléchie. En cent toiles majeures, Lorjou a fait frémir, bouillonner, détoner, saigner, rugir et, tout ensemble, rire, espérer, rêver et prier l'Histoire de ce siècle prodigue de séismes et découvertes fabuleuses. Aussi, en est-il l'UNIQUE peintre épique. L'œuvre peinte de Bernard Lorjou est planétaire." |
La bataille d'Abadan - cliché :
château de Blois
couverture du livre de Georges Gérard
Texte de JEAN ROLLIN (site internet de
"l'Humanité")
à l'occasion de l'exposition 'Lorjou, peintre témoin', en juin 1998, au siège
de la CFDT, 49, avenue Simon-Bolivar, Paris 19e.
Lorjou, peintre épique du siècle
L'association Bernard-Lorjou et le critique d'art Francis Parent présentent, à
l'Espace Belleville de la CFDT, 'Lourjou, peintre témoin', évoqué dans la
trentaine de toiles d'une exposition à ne pas manquer, car depuis la
disparition de l'artiste, en 1988, rares sont les occasions de voir ses oeuvres.
A les contempler, on sent bien qu'une dimension de caractère épique manque désormais
aux salons et galeries, qui avaient pris l'habitude de la fanfare de couleurs
des grands sujets du maître de 'l'Age atomique' et de 'la Peste en Beauce',
riches d'un message humain brûlant.
Le 6 mai 1963, ici même, nous rendions compte d'un des tableaux les plus considérables,
en puissance émotive et en format, de la rétrospective actuelle, 'le Sang de
Grimau', Julian Grimau ce patriote et communiste espagnol que les sbires du
caudillo venaient de fusiller après l'avoir torturé, défenestré!... Dès
l'annonce, le 21 avril, de son exécution la veille à Madrid, Lorjou décide de
se joindre à la protestation mondiale en donnant une expression plastique forte
au voeu de Mme Grimau: 'Que le général Franco soit mis au ban de la société
civilisée'!
Pendant six jours et six nuits, dans sa grange-atelier de Saint-Denis-sur-Loire,
près de Blois, l'artiste s'emploie à concevoir et brosser quatorze mètres
carrés de toile sur lesquels un Minotaure femelle, symbole du fascisme
franquiste, brandit le corps pantelant de sa victime, comme un trophée, comme
un défi. Spécimen du monstre qui, selon la légende grecque, se nourrissait
uniquement de chair humaine, la mégère à tête de taureau de Lorjou succède
aux terrifiantes créatures imaginées dans les photomontages de John Heartfield
et par Picasso dans ses gravures des 'Songes et mensonges de Franco', pour
clouer au pilori la 'bête immonde' de la tyrannie fasciste dont parlait Brecht.
Le thème du 'Sang de Grimau' est pénible, mais la peinture ne l'est pas.
L'originalité, la sobriété de la composition, son chromatisme audacieux, son
harmonie exaltent le héros nu, mort pour la liberté, tandis que le bourreau
clownesque, armé d'un pistolet, est voué aux gémonies.
Dans l'excellent catalogue, la préface de Junko Shibanuma, les commentaires
importants de Francis Parent en regard des reproductions d'oeuvres de
l'exposition nous informent sur la vie et la carrière de l'artiste. Né en 1908
à Blois, sorti de l'école communale sans certificat d'études, Lorjou
travaille à treize ans comme garçon de courses chez un imprimeur et commence
seul son apprentissage de peintre à Paris, tout en exerçant de petits métiers.
En 1925, il entre à l'atelier de dessin du soyeux lyonnais Ducharne, expose en
1928 des projets de tissus au Salon d'automne et jusqu'en 1934 peint des
portraits, des paysages, des natures mortes. Son tableau 'Février 1934' au
Salon des indépendants, 'la Conquête de l'Abyssinie par les Italiens' (1935)
et, en 1937, le 'Couronnement de Georges VI' marquent les débuts de Lorjou dans
son effort pour transposer plastiquement des événements notoires du siècle.
Du 'Matin de camps de concentration' (1939) à 'Hiroshima', 'Sabra', 'Vietnam',
'l'Enfant mutilé', 'Afghanistan' et cette 'Bombe H qui raserait tout', la haine
de la guerre ne fait qu'un cri. Au ton violent de ces toiles qui secoue les
cimaises de l'Espace Belleville s'ajoute l'étrangeté sauvage des versions de
la mort de John Kennedy, de l'assassinat de Sharon Tate et du hara-kiri public
de l'écrivain japonais Mishima. 'Village à la femme en colère' (1983) semble
annoncer le drame des campagnes algériennes mises à feu et à sang.
Lors de l'exposition d'hommage à Yvonne Motter et Lorjou, qu'Olga Fradisse,
conservateur des Musées d'Orléans, réalisa en 1969 à l'hôtel Cabu, un texte
du conservateur pouvait renseigner des visiteurs choqués par l'expressionnisme
dur de 'l'Enfant mutilé', attestant la barbarie des bombardements américains
au Vietnam: 'Si Lorjou part du réel, et même de l'actuel, il se laisse
emporter par son imagination, il recrée la vie. Il a inventé un monde à lui,
vibrant de lumière. Quel que soit le thème, Lorjou s'enchante de la couleur.
Dans 'l'Enfant mutilé', atroce allusion à la guerre, le peintre réussit,
malgré les plaies béantes, à combler notre regard par le jeu des couleurs
vibrantes et qui s'opposent: le bleu tendre du fond, le rouge sanglant du cou et
de
la poitrine, le vert bleu très doux d'une petite main qui pend...' Outre ses
dons de coloriste, précisait Olga Fradisse, 'Lorjou a l'intelligence profonde
de son sujet'. Son art donne non seulement à voir, mais à penser. Penser et se
demander, par exemple, pourquoi les organisateurs de l'exposition 'Face à
l'histoire 1933-1996', à Beaubourg, l'ont écarté. De grands peintres
interdits de musée en leur temps, et dont les oeuvres sont aujourd'hui très
recherchées, cela ne vous rappelle rien?
Quel écrivain d'art réputé, collectionneur et bienfaiteur des Musées de
France écrivait: 'Dès que paraît Lorjou avec armes et bagages, il se forme
une espèce de 'rideau de fer' que l'on s'ingénie à rendre infranchissable
pour éviter sans doute la prophylaxie de ses 'mauvaises manières' et la
propagation de ses idées tumultueuses'? Ces lignes sont de George Besson, en
1968, dans le numéro 1217 des 'Lettres françaises'.
Persuadé que 'la peinture de Lorjou, don continu et fraternel, est, quoi qu'on
fasse, quoi qu'on dise, solidement installée dans l'histoire de l'art', notre
vieil ami ajoutait: 'Rira bien qui rira le dernier.'
Quelques reproductions d'œuvres :
((Toutes les
reproductions sont autorisées ; Cliquez sur l'image
pour l'agrandir)
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Si vous visitez cette page et possédez un Lorjou, je serais très heureux de le reproduire avec votre autorisation. Je retirerai l'image à votre demande.
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Première grande
monographie illustrée sur Lorjou :
Auteur : Junko Shibanuma 352 pages 600 F (sur commande) Contact pour commander
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Biographie de Lorjou
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1908 |
Naît le 9 septembre à Blois (Loir et Cher) |
1925-31 |
Travaille comme dessinateur de tissus chez le Soyeux Ducharne. |
1931 |
Voyage en Espagne. Y admire El Greco, Velasquez et surtout Goya. |
1934-37 |
Commence à créer les œuvres inspirées par les événements politico-sociaux. |
1938-44 |
Se retire à Blois. Peint les horreurs de la guerre. |
Première exposition personnelle à la Galerie du Bac à Paris. |
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1948 |
Reçoit le prix de la Critique. Crée le groupe « Homme Témoin » avec Jean Bouret, critique d’art. |
1948-53 |
Peint les tableaux colossaux : Les chasses aux Fauves (1948-49), l’Age atomique (1949-50, Centre Georges Pompidou), La bataille d’Abadan (1951), la Conférence (1951, Musée de Varsovie), La peste en Beauce (1953)… |
1954 |
Expose à New York, Galerie Wildenstein. Première série de Corridas dont la San Isidro de Jesus de Cordoba qui l’emporte au référendum organisé par la Galerie Charpentier, Paris. |
1956 |
S’installe à Saint Denis-sur-Loire près de Blois. Crée et expose un ensemble de dessins satiriques : le Bouc et l’Arlequin. |
1957 |
Présente ses Massacres de Rambouillet dans sa propre baraque construite spécialement en plein milieu d’une fête foraine à l’Esplanade des Invalides de Paris. |
1958 |
Transporte sa baraque à Bruxelles dans le cadre de l’Exposition Universelle pour exposer son Roman de Renart dont Renart à Sakiet, sa plus grande toile contre la guerre d’Algérie (10.5m de long) qui attire la colère de l’autorité. |
1960 |
Expose à la Galerie Wildenstein Le Bal des Fols inspiré de la maladie de sa sœur. Premier portrait du Général de Gaulle : la Crécelle. |
1961-62 |
Continue à peindre satiriquement de chef d’Etat : le Guide, la Force de frappe, les Rois : de Charlemagne à Charles de Gaulle. |
1963 |
Exposition flottante sur une péniche traversant Paris : Grimaud, la Mort de Jean XXIII, le 14 juillet. |
1964 |
S’inspire de récents événements des Etats Unis : Dallas Murder Show, Blancs et Noirs. |
1965-68 |
Exposition en plein air à Sarcelles : les Centaures et les Motocyclettes. Décore le plafond du musée de la Chasse et de la Nature de Paris. A la demande de l’ONU, dessine une série d’affiches : Vaincre la faim c’est gagner la paix. Réalise l’ensemble de peintures murales de la maison du clergé de Blois. |
1970 |
Expose au Musée Galiéra de Paris l’Assassinat de Sharon Tate. Peint la Mort de Mishima, écrivain japonais. |
1971-73 |
Réalise à la Garde Freinet (Var) des sculptures en bois brûlé et des panneaux en céramique, tout en continuant à peindre : les Amoureux de Tourtour, les Enfants contestataires…. |
1974-76 |
Série de Cirques inspirée par le Festival du Cirque de Monte-Carlo. |
1977 |
Dans le cadre du Salon des Artistes Français, expose Les Sept Nuits. |
1980 |
Sous le titre général des Menaces, peint la violence de l’époque : Rue Copernic, Kaboul, Afghanistan, Solidarité…. |
1982 |
Peint Sabra, dénonçant le massacre des Palestiniens. |
1985 |
Peint le Sida |
1986 |
Meurt le 26 janvier à Saint Denis- sur-Loire. |