Pologne

...des Carpates à la mer baltique...

Période : du 14 mai au 22 mai 2002

Organisation : vol sec, chambres chez l'habitant et auberge de jeunesse, transports locaux.

Parcours : Varsovie, Cracovie, Zakopane, Auschwitz, Gdansk, Chelmno, Torun, Varsovie.

Transport : Lot Polish airlines pour Paris Varsovie AR.

rédaction : juin 2002

Introduction :

La Pologne n'est pas à proprement parlé une destination très recherchée dans le monde du voyage. Ce pays évoque une certaine austérité, liée sans doute à son passé communiste,  et peut être plus encore que d'autres pays de l'ancien bloc de l'est. On imagine des villes lugubres, avec des installations industrielles et des HLM tristes, des campagnes mornes. Peut-être Cracovie tire-t-elle son épingle du jeu, avec l'image véhiculée par les brochures touristiques d'une cité historique, qu'il serait agréable d'aller visiter le long d'un grand week-end de printemps, comme cela est maintenant tellement à la mode en Europe, comme à Prague, Budapest, Vienne ou ailleurs.

Une lecture rapide de quelques guides touristiques dans les rayons de la FNAC m'ont rapidement convaincu que partir à la découverte de ce pays devrait m'apporter de nombreuses satisfactions. Je connais assez peu les pays de l'est pour l'instant, et ce sont des nations en pleine évolution, en rupture avec leur passé, ce qu'il est bien intéressant d'observer directement.

J'élaborai donc sur une période de huit jours un parcours me permettant de me faire l'image la plus complète possible du pays. Huit jours, cela ne peut être bien sûr qu'un instantané, mais comme à l'habitude, c'est "toutes antennes dehors" que j'ai parcouru le pays, du sud au nord, c'est à dire des montagnes des Tatras dans les Carpates, aux chantiers navals de Gdansk, sur la baltique.

Avant le récit du voyage, quelques informations et impressions sur le pays :

L'hôtellerie :

Pour le voyageur individuel, principalement dans les grandes villes (Varsovie, Cracovie et Gdansk), possibilité de trouver des chambres chez l'habitant, pour 20 à 25 €. Le rapport qualité prix est assez moyen. En fait, on peut tomber dans un modeste immeuble, disposer d'une toute petite chambre avec un vieux canapé en guise de lit. On peut aussi avoir une chambre vaste dans un bel immeuble bourgeois... question de chance. L'offre en matière d'hôtellerie bon marché est encore faible (question de temps) et les prix sont élevés. L'auberge de jeunesse peut constituer une solution bon marché également (celle de Gdansk est tout à fait correcte pour ses chambres doubles à 12 € par personne)

La restauration :

Pas de difficulté pour se nourrir en Pologne maintenant : on trouve des restaurants partout dans les grandes villes, avec une grande variété de prix. La multiplication de restaurants étant un phénomène relativement récent, il n'y a pas encore à proprement parlé d'habitudes, de standards de services, ce qui est assez intéressant à tester. Dans de nombreux petits restaurants, on se fait servir au comptoir avant d'aller s'asseoir. Beaucoup d'endroits servent une cuisine originale et végétarienne. Se développe visiblement une "nouvelle cuisine" polonaise, pas obligatoirement à des prix excessifs. Cuisine plus traditionnelle aussi, en restauration rapide (pommes de terre et viande panée, toujours accompagnées de crudités). Développement de restaurants asiatiques et, immanquablement, Ronald Mac Donald, qui sévit bien sûr ici aussi. On fait un repas correct pour 4 à 6 €. La bière polonaise est excellente, le café jamais terrible.

Les transports intérieurs :

Héritage du communisme, la Pologne est irriguée par un réseau de transport en commun important. 

Le réseau ferroviaire est dense et permet de se déplacer sur les longues distances. Les prix sont peu élevés (peut être 1/4 des prix français). Par contre, les trains sont lents : 80 à 100 km/h maximum pour les plus rapides. Le matériel roulant est très vieillissant et mal entretenu. Les guichets sont informatisés (dans les grandes gares). Les tableaux d'affichage sont généralement clairs, pas de souci de ce côté. 

Chaque ville dispose également d'une gare routière, et de nombreux bus desservent les campagnes ou assurent des liaisons inter-villes. Là aussi, le matériel n'est pas de première jeunesse et la rapidité assurée. Les prix sont excessivement bon marché, les billetteries (grandes villes) souvent informatisées et les indications assez claires.

L'automobile : en plein boum. On trouvera encore quelques très rares reliques du bloc soviétique (genre Trabant ou vieilles Lada) et la production locale : Polonez, qui fabrique (fabriquait ?) la Caro, genre de Lada un peu améliorée, des Fiat construites sous licence (dont de nombreuses Fiat 126, très répandue) et Daewoo, qui s'est installé dans ce pays depuis quelques années. Sinon, ce sont maintenant les productions européennes et asiatiques qui dominent le marché. Bonne représentation de toutes les marques françaises avec quelques modèles phare : Clio, Scenic, 206. Le réseau routier n'est malheureusement pas à niveau ; disons qu'il correspond à la France des années 60 (et encore, il y avait déjà des autoroutes). Caractéristique des routes polonaises, les deux voies avec leurs bandes d'arrêt d'urgence sont souvent utilisées comme des quatre voies... La conduite est moyennement prudente.

La situation économique :

Je n'ai pas connu la Pologne de l'ère communiste mais je me souviens très bien d'une époque pas si lointaine (mon adolescence...), où des associations envoyaient depuis la France des camions de marchandises de première nécessité (savon, lessive, habillement...) vers ce pays. On peut dire que la situation a très très largement évolué... Le rouleau compresseur de l'économie de marché passe par là. L'économie polonaise, ou tout du moins le mode de vie, se rapproche grandement des standards d'Europe de l'ouest. Ceci est particulièrement flagrant dans les grandes villes. Le commerce se développe largement, avec de nombreuses enseignes internationales. la pénurie est un avatar visiblement totalement oublié (et c'est tant mieux pour les Polonais !). Question commerce, la grande distribution française fait le forcing : Auchan, Carrefour, Géant, Champion, Castorama, Leroy Merlin, etc... A Varsovie, la Galerie Centrale n'a rien à envier aux Magasins Printemps. Bien sûr, cette explosion de la consommation a un coût, et il n'est pas du tout sûr que le niveau moyen des salaires permette à toute la population polonaise d'accéder aux nouveaux biens de consommation. On voit de toute manière de nombreux laisser pour compte (jeunes, vieux...) en état de clochardisation. Les prix des biens de première nécessité et l'alimentation semblent moins chers qu'en France mais le reste (marques occidentales particulièrement) est aussi cher. Economiquement, le pays est dynamique, avec un nouveau tissu industriel, constitué de PME actives. Mais la reconversion de toute l'industrie lourde, caractéristique de la Pologne (lignite, industries chimiques, navales, etc...) doit poser de gros problèmes. Enfin, la situation est bien sûr différente entre ville et campagne, et des régions semblent, au vu de l'habitat, plus riches les unes que les autres (le sud, Cracovie et les Carpates m'ont semblé plus riche que le nord avec Gdansk)

L'intégration européenne :

J'avais jusqu'à ce jour une réticence à l'idée de l'intégration de la Pologne dans l'Union Européenne  (on a déjà bien du mal à faire avancer les choses à 15...). Mon impression générale du pays m'a fait changer d'avis, cela ne me choquerais plus du tout. Je pense que le Portugal, lorsqu'il a intégré l'UE, n'avait pas un niveau de développement supérieur. Par contre, certains Polonais semblent profondément rejeter cette idée, vu certaines manifestations que j'ai pu voir à la télévision (manifs empruntes de nationalisme, bien entendu). Mais globalement, l'intégration semble être un objectif national concerté.

Les Polonais :

On est assez frappé en visitant le pays par l'absence d'étrangers. On rencontre vraiment très peu de personnes à peau mate. Les traits physiques sont bien entendu à dominante slave. J'ai noté, tout du moins pour ceux qui en ont les moyens, un grand goût à l'élégance vestimentaire. Sinon, pour la jeunesse, le look est assez stéréotypé : cheveux rasés, jogging, baskets de marque. Je ne peux guère juger du relationnel ; en une semaine, et en bougeant beaucoup, je n'ai pas eu l'occasion de lier connaissance avec des Polonais. Je n'ai cependant eu aucun contact vraiment désagréable, plutôt une relative indifférence par rapport à l'étranger que j'étais.

L'histoire :

Je ne vais pas faire ici un cours d'histoire polonaise, simplement un très bref résumé : la Pologne est un pays dont l'histoire remonte à environ 1000 ans. Jusqu'à la fin du 18ème siècle, elle a connu de nombreuses périodes florissantes et expansionnistes, et bien sûr des périodes plus noires d'invasion et de destruction. Souvent malmenée par ses puissants voisins, la Sainte Russie, l'empire Austro-hongrois et la Prusse, avec quelques interventions suédoises malveillantes, la Pologne a connu des frontières très fluctuantes. A la fin du 18ème siècle, alors que le pays avait connu un des régimes les plus démocratiques du monde, la Pologne disparaît des cartes pour plus d'un siècle, annexée, découpée par ses voisins. Elle renaît après la première guerre mondiale, et retrouve rapidement une forte identité, pour malheureusement connaître de nouveau le malheur, avec la page la plus noire de son histoire, la seconde guère mondiale : des millions de morts et déportés, des villes dévastées, une économie anéantie, l'horreur des camps de la mort installés sur son territoire. Le pays se relève et se reconstruit sous le joug communiste. A la fin des années 70, les grèves des chantiers navals de Gdansk et  l'action du syndicat Solidarité sont les premiers prémices de la chute du communisme. Depuis, la Pologne rejoint à grands pas les nations européennes.

Les médias : 

Presse et télévision se rapprochant des standards que nous connaissons. Internet facilement accessible à partir de nombreuses boutiques dédiées (dans les grandes villes).

Les guides touristiques :

J'ai utilisé le guide du routard (édition 2002/2003) : 3 pays en 1 pour ce guide (Pologne, Rép. Tchèque, Slovaquie) ou comment vendre sa soupe plusieurs fois... Toujours de l'information utile, mais comme à l'habitude, commentaires vaseux, approximation, erreurs, adresses périmées (alors qu'il s'agit d'une toute nouvelle édition...). Le Lonely Planet (édition 1999) : la rigueur anglo-saxonne, la précision des cartes, le volume d'informations. Dommage, l'édition mérite tout de même maintenant d'être réactualisée. 

Mais passons maintenant au récit de mon voyage :

Mardi 14 mai 2002: départ pour Varsovie.

Mon vol est à 7h15, donc lever très matinal pour prendre mon taxi. En chopant le premier RER de Paris, j'aurais pu être à l'heure pour l'enregistrement mais sait-on jamais... "be inspired !" Arrivé à Roissy, une annonce précise que le trafic est interrompu sur la ligne RER suite à problème technique (pour changer...). Pas grand monde à cette heure-ci dans les halls de Roissy, je suis le premier à enregistrer sur le vol de la LOT, effectué en partage de code avec Air France. Je traîne un peu dans les Duty free en attendant l'embarquement. Vol sans histoire en boeing 737, avec petit déjeuner assez copieux. Arrivée deux heures plus tard à Varsovie, le ciel est très dégagé. Observation des banlieues survolées juste avant atterrissage : nous passons au dessus d'un gros supermarché "Auchan", cela va ! pas trop de dépaysement avec nos banlieues ... Formalités, récupération des bagages rapides. Je retire mes premiers Zlotys au distributeur, perplexe dans les conversions euros/zlotys/francs, dont bien sûr je n'arrive pas encore à oublier la référence. Je conclus qu'un zloty égale un peu moins de deux francs, soit 0,3 euros, enfin bref.... Je passe outre les sirènes des chauffeurs de taxi réputés très arnaqueurs, qui flairent le touriste à plumer et fonce à la navette de l'hôtel Marriott, qui assure la liaison avec le centre pour 7 €, beaucoup plus cher que le bus urbain, mais plus rapide et plus sûr ( la ligne 175 a mauvaise réputation). Le minibus, dont je suis le seul client, me laisse donc en plein centre de Varsovie, au pied de la tour Marriott, une des plus hautes de la ville, près de la gare centrale et du palais de la culture, le fameux gratte-ciel stalinien de Varsovie, petite soeur des sept tours de Moscou, dont l'architecture nous rappelle immédiatement que nous sommes dans un ex-pays communiste. Le temps est très beau et doux, alors qu'à Paris, il faisait froid et pluvieux.

Ma première activité va consister à rechercher une chambre pour la nuit ; je dois me rendre pour cela dans une agence située à environ un kilomètre de là, spécialisée dans la location de chambre chez l'habitant. Après 20 minutes de marche un peu pénible (au soleil avec mon sac de voyage), j'atteins enfin mon but. Une employée pas très sympathique et anglophone me propose donc un lit au centre, dans un immeuble presque au pied du palais de la culture, pour 25 € environ. Je vais retourner donc retourner sur mes pas... Après de nouveau 20 minutes de marche, j'atteins donc l'immeuble indiqué. Cette première petite balade dans Varsovie me donne les premières indications sur le niveau de vie polonais, les toutes premières impressions (toujours les plus plaisantes) : voitures, magasins, tenues vestimentaires, etc... et c'est effectivement une surprise : sans doute encore marqué par l'image d'une Pologne de pénurie, telle qu'elle apparaissait dans mon adolescence, je découvre des rues commerçantes et une animation comme on peut en voir dans toute ville européenne. Je suis donc logé chez une vieille dame, qui parle un peu anglais et français, dans un petit appartement un peu fatigué. La chambre n'est pas bien grande et je dors sur un vieux canapé aménagé en lit. Bon, rien d'exceptionnel...  L'avantage est d'être très central. 

Je pars ensuite commencer la visite de la ville : le musée national, pas très loin du palais de la culture, sur l'avenue Jerozolimskie, sera ma première étape. Cette avenue est une des plus importantes de Varsovie. Le musée est situé près d'un grand croisement qui porte le nom du général de Gaulle. Grand bâtiment d'une architecture des années 50 sans intérêt qui abrite également le musée de l'armée. Je visite d'abord une exposition temporaire qui présente des objets d'Iran (tapis, miniatures, manuscrits...), puis découvre les collections permanentes. J'avoue que je serai un peu déçu par les collections de peintures : hormis quelques belles toiles de peintres polonais du 19ème siècle, d'inspiration impressionniste ou romantique, je ne vois rien de très exceptionnel. Peu de grands maîtres européens. De nombreuses collections d'art décoratif, également, avec tout de même de belles choses à voir. Après deux heures de visite, je quitte le musée et je remonte vers le nord, par les rues Nowy Swiat puis Krakowskie Przedmiescie , qui aboutissent à la vieille ville. C'est une artère plus petite, mais avec de beaux immeubles et boutiques, ainsi qu'un certains nombres de bâtiments officiels et églises. J'en profite pour stopper dans cette rue au PG Sandwicz, une agréable petite cafétéria qui propose pour des prix doux des salades ou des petits plats très bons, dans un décor pastel contemporain. Visite sur le passage des églises des Visitandines, des Carmélites et Sainte Anne. 

J'aboutis alors sur la place du château royal. De ce quartier, il ne restait quasiment plus rien à la fin de la guerre et il faut rendre hommage aux Polonais, qui ont reconstruit presque à l'identique les vieilles maisons et le château royal. Ce fut un travail sans doute considérable, et une réussite certaine. Je m'installe à une terrasse, sur la place du château, pour boire une Ziwieck, excellente bière polonaise, et profiter du beau soleil de printemps et de l'animation. Je visiterai le château à mon retour à Varsovie, en fin de voyage. 

La place de la vieille ville à Varsovie

Je pars ensuite vers la place de la vieille ville, toute proche. Totalement reconstituée, elle présente une belle unité, et est occupée par de nombreux cafés qui étendent leur terrasse sur la place. Je décide de visiter le musée historique de la ville, qui est installé dans plusieurs maisons de la place. La visite se révèle assez surprenante : il s'agit d'une succession de plus de cinquante pièces, auxquelles on accède par des chemins très détournés, des multiples escaliers, bref, un vrai jeu de piste. Des choses plus ou moins intéressantes à voir, sur l'histoire de Varsovie (manuscrits, tableaux, mobilier, armes, etc...). Le plus passionnant sont les photos de la fin du 19ème et du 20ème siècle, qui présente la vie et la forte animation de cette ville, avant guerre. Les photos des destructions sont aussi très impressionnantes. Autre surprise dans ce musée, mais cela semble une règle dans les musées polonais, c'est le nombre pléthorique de gardien(ne)s ; seul visiteur, j'ai rencontré une bonne trentaine d'employés dans ce musée, qui ne présente tout de même pas des collections d'une valeur inestimable, financièrement parlant... Je quitte ce musée et continue ma remontée vers le nord, toujours dans cette vieille ville reconstituée, longeant la Vistule (le fleuve qui traverse Varsovie) et passant par plusieurs autres églises (Nonnes du saint sacrement, visitation de la vierge, etc...). Vous l'avez compris, la Pologne est un pays où il y a beaucoup d'églises et où l'Eglise joue un rôle très important. Fervents catholiques, on voit encore toutes les générations dans les églises, enfants, ados, jeunes adultes compris. Lorsque je dit "visiter une église", c'est parfois inexact, certaines d'entre elles ne sont ouvertes que pour les offices, mais les gens peuvent venir prier à l'entrée, les portes étant vitrées et laissant apparaître le choeur.

Le palais de la culture

C'est la fin d'après midi, je redescends donc vers le centre par des quartiers plus modernes. Je passe devant le palais Krasinskich, le plus grand palais baroque de la ville, maintenant bibliothèque nationale. Retour vers le centre et le palais de la culture. L'activité bat son plein, beaucoup de gens font leurs courses dans ce quartier très commercial. J'ai beaucoup marché et je commence un peu à fatiguer. Je passe donc par ma chambre pour m'y reposer une bonne heure puis je pars à la recherche d'un restaurant, assez proche, où je vais tester quelques spécialités, dont le borch, potage très rouge à base de betteraves et une sorte de filet mignon, excellent. Petit tour dans le quartier, où les magasins sont encore ouverts, dont la galerie centrale, malgré l'heure tardive, ce qui me donne l'occasion d'apprécier et de juger des habitudes de consommation de Polonais (des habitants de Varsovie, tout du moins, et plutôt ceux argentés, vu le standing de certains magasins).

 Vers 21h30, retour à ma chambre, toute proche, pour la nuit, avec, en prime, le thé offert par mon hôtesse. Un orage éclate alors sur la ville avec une très grosse averse. J'espère que le temps ne va pas se détraquer.

Mercredi 15 mai 2002: départ pour Cracovie.

Lever à 7h30, j'ai passé une assez mauvaise nuit, le lit étant assez inconfortable et une grosse enseigne lumineuse et clignotante sur l'immeuble d'en face éclairant par à-coups ma chambre. De plus, je ne sens pas très bien, l'estomac très vasouillard... Passage à la salle de bain, sans lavabo, cela semble être assez courant dans les appartements anciens et populaires polonais. Mon hôtesse m'apporte gentiment un thé. Je descends tout de même pour prendre un petit déjeuner, mais j'ai beau chercher dans le quartier, je ne trouve rien qui ressemble à un café, et encore moins des croissants. Je me rabats donc sur une épicerie où j'achète quelques petits trucs, c'est d'ailleurs ce que semblent faire les Polonais pour déjeuner. Retour à l'appartement pour récupérer mon sac et prendre congé de mon hôtesse. Je pars vers la gare centrale, mon train pour Cracovie est à 10h00, je suis largement en avance. La gare centrale est un bâtiment en béton et vers d'une architecture des années 60 moche. je prends un coca pour essayer de me remettre l'estomac au buffet puis me dirige vers les voies qui sont en fait souterraines. Les trains arrivent à quai quelques minutes avant le départ, tout est bien indiqué. J'avais pris un billet de première, les prix étant assez bas. Je m'aperçois vite que le matériel roulant est très fatigué : mon compartiment est certes normalement spacieux mais ce n'est pas vraiment nickel. Mon voyage va durer deux heures, pénible à cause d'une femme dans le compartiment, un business woman polonaise, qui téléphone sans arrêt : le portable sévit outrageusement ici, comme ailleurs. Je suis toujours un peu embrumé , dors à moitié et ne profite que très moyennement du paysage, qui est de toute manière relativement monotone. Beaucoup de champs, de forêts ; je garderai l'image d'un pays très vert. 

Peu avant treize heures, j'arrive en gare de Cracovie : il me faut tout d'abord trouver une chambre pour les trois nuits que e vais passer ici. Le quartier autour de la gare de Cracovie n'est vraiment pas terrible, la gare elle-même est un peu délabrée. Toute proche, la gare routière avec ses bus très polluants et toutes sortes de petites échoppes pas très esthétiques. En plus, le ciel étant un peu jaune, je ne peux pas dire que mon arrivée à Cracovie me laisse un souvenir impérissable. Mais en fait, j'ai vu plus tard q'un grand projet de reconstruction de la gare est en projet avec un bâtiment contemporain en verre, ce qui explique sans doute l'état de laisser aller actuel. je me rend dans une agence toute proche, citée par mes guides comme pouvant fournir des chambres chez l'habitant. Effectivement, on me propose de choisir dans un classeur et sur photographie une chambre. Je sais très bien que la réalité est souvent largement en dessous de ce que laisse supposer les photographies (et cela se vérifiera...); j'essaie donc de choisir la moins pire et surtout, la plus centrale. Elle me coûtera cependant plus de 25 € la nuit. je pars donc immédiatement vers mon nouveau gîte, qui ne se trouve pas très loin de là finalement. Le centre de Cracovie n'est pas très grand : un secteur de deux kilomètres de diamètre, entouré d'une sorte de coulée verte, qui apporte un peu de respiration à la ville. La gare est à la lisière de cette bande verdoyante. l'immeuble indiqué est une belle bâtisse et la cage d'escalier laisse supposer de beaux appartements. Mon hôtesse, une personne d'une cinquantaine d'année, me parle surtout en allemand. 

Évidemment, la chambre est assez décevante, petite avec deux canapés transformés en lit , tapisserie passée, et objets de décoration d'un mauvais goût affligeant (particulièrement le tapis grand tissé accroché au mur avec comme motif Maya l'abeille...) je m'aperçois que les propriétaires ont en fait cloisonné leur appartement pour créer des chambre avec... du contre-plaqué ... bonjour, l'intimité ! Enfin, bref, c'est pas terrible, mais la salle de bain et propre et vaste. mes affaires déposées, je quitte ma chambre et me dirige vers la place centrale, toute proche, et image sans doute la plus connue de la ville. 

Effectivement, il s'agit d'une belle place, avec un ensemble architectural intéressant : la place est entourée de belles maisons bourgeoises de type renaissance, l'église  Notre Dame, au nord de la place, est magnifiquement décorée en son intérieur. Au milieu de la place, se tient la hall au draps, qui abrite une galerie avec des échoppes de souvenir et à l'étage, un musée de peinture. Il s'agit véritablement du point central de Cracovie, très animé avec  ses terrasses, ses artistes de rue, et son affluence touristique. Je décide pour cet après midi d'aller visiter le château, qui se trouve dans la limite sud de la vieille ville.

La place du marché et l'église Notre Dame à Cracovie

 

Le château de Wawel

J'arrive donc au château, appelé également Wawel. Une rampe permet d'accéder au portail principal, derrière lequel on trouve la cathédrale. Celle-ci date du 14ème siècle, avec de nombreux rajouts des époques ultérieures. Elle a une décoration somptueuse avec de nombreuses chapelles aux styles variés. Il y a bien évidemment beaucoup de monde pour la visite, et particulièrement des groupes scolaires. A côté de la cathédrale, se trouve le château à proprement parlé. 
D'extérieur, le bâtiment est assez austère, mais à l'intérieur, on découvre une magnifique cour de style renaissance, avec plusieurs niveaux d'arcade. L'intérieur se visite, mais ferme à 15h00, et comme il les est presque, je reste donc dans la cour centrale : ce sont des tapisseries de Flandre qui constituent à l'intérieur le clou de la visite. 

La cathédrale dans l'enceinte du château

Je me dis que si j'ai le temps, je reviendrai lors de mon dernier jour à Cracovie. Enfin, de l'esplanade du château, on a une belle vue sur la Vistule, en contrebas. Je quitte donc le Wawel, satisfait, mais tout de même un petit poil déçu par le site, m'attendant à un peu plus impressionnant. Je me dirige alors vers le quartier de Kazimierz, au sud est du Wawel, qui est en fait l'ancien quartier juif de Cracovie. Tombé dans l'oubli, il a été remis en scène (également du point de vue touristique) par le film de Spielberg, "la liste de Schindler". Il s'agit d'un ensemble de petites rues, avec des immeubles encore en assez mauvais état, et quelques synagogues à voir. La rue principale, Szeroka, a en fait la forme d'une place, avec un ensemble de cafés et de restaurants. je m'assois à la terrasse d'un et savoure un café (bon pour une fois...) et une tarte aux pommes : je n'ai rein mangé ce midi et je commence à avoir faim, c'est bon signe. Je reste un long moment sur cette place, calme et reposante, avec ses arbres, et le doux soleil d'après midi : ce quartier me plait beaucoup. Son histoire est malheureusement bien tragique, tous les habitants juifs ayant été évacués en 1941 vers un faubourg voisin, devenu le ghetto de Cracovie, avant la déportation finale. Derrière la place, je découvre un cimetière juif avec des pierres tombales très anciennes, qui ont été relevées après le saccage des allemands : c'est un des plus grands des pays de l'est et il me fait beaucoup penser à celui de Prague. Je repars vers le centre ville en me perdant encore un peu dans ces petites rues.

Nous sommes en fin d'après midi et je retourne donc à ma chambre me reposer un peu, passant par la place principale, toujours aussi envahie de monde. En début de soirée, je me mets à la recherche d'un restaurant et je trouve une sorte de petite cafétéria végétarienne, qui sert des mets bon marché et savoureux dans une cour d'une vieille maison, avec bougies et parasol ; tout à fait sympa, il y a d'ailleurs beaucoup de clients. Je me ballade ensuite dans les rues environnantes et sur la place principale, où je prends un café en terrasse. Passage ensuite au cybercafé pour écrire quelques nouvelles à ma petite famille et retour à ma chambre vers 22h30. La nuit ne semble que commencer pour beaucoup, Cracovie étant particulièrement réputée pour ses bars, ses boîtes et sa vie nocturne. La consommation de bière semble exponentielle à partir de cette heure : pas pour moi,  je me remets seulement de ma mauvaise matinée !

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