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Michel Nedjar
Nedjar a vraiment été pour moi un choc. Je ne me suis pas lassé de visiter et re-visiter l'exposition que la Halle Saint Pierre lui a consacré de avril à juillet 2001. Je n'explique pas ce plaisir, c'est tout le charme. Un art brut, assez morbide, et qui trouve un écho au fond de moi. Son oeuvre se partage entre peinture et sculpture (et cinéma, mais là, je ne connais pas). Dans ses toiles, j'aime les figures, simplifiées et expressives, le trait, brut, profond, les matières, épaisses, les supports, les couleurs, tranchées (blanc, noir, rouge). Les poupées qu'il confectionne sont également souvent morbides mais si expressives et réelles.
Source : site internet de la Halle Saint Pierre Michel Nedjar naît le
12 octobre 1947 dans le Val d'Oise, près de Paris. Il a trois frères et trois
soeurs. Son père est juif algérien, installé en 1921 à Paris où il est maître
tailleur. Juive aussi, sa mère est d'origine polonaise, venue à Paris en 1923
avec sa grand-mère pour fuir les pogromes. C'est vers 1960 que
Nedjar prend vraiment conscience de l'holocauste, en regardant le film Nuit et
Brouillard d'Alain Resnais à la télévision. Il est profondément choqué et
cherche des livres qui parlent des camps comme pour s'assurer que tout cela est
vrai. A l'âge de quatorze ans, il quitte l'école et rêve vaguement de devenir
artiste, mais apprend lui aussi le métier de tailleur. Geneviève ROULIN collection particulière (la mienne !)
En 1947, les Nedjar sortent à peine d'une période noire : pendant la guerre,
la grand-mère et sa fille se sont cachées dans une ferme en Bretagne, mais la
plupart des membres de la famille du père et tout le reste de la famille de la
mère ont été victimes de l'oppression nazie. La famille est plutôt fermée
sur elle-même et tend à ne pas afficher son ascendance juive. Michel aura très
tôt le sentiment de vivre dans un milieu qui se distingue des autres.
A l'école, même s'il porte les plus belles blouses, métier paternel oblige,
il est craintif et mal intégré. Les seules occasions où il est félicité,
c'est après les cours de dessin. A la maison, il s'entend mal avec son père et
se tourne vers les membres féminins de la famille. Une machine à coudre était
à disposition et tout jeune encore, il bricolait des vêtements pour les poupées
de ses soeurs.
L'argent gagné en
vendant des vêtements aux puces, dans la boutique de sa grand-mère et l'argent
de l'assurance maladie lui permettent d'entamer une période d'errance qui
comprend six grands voyages qui le mèneront, entre 1970 et 1975, en Turquie, en
Iran et en Afghanistan, pour gagner ensuite l'Inde et le Népal. Il terminera
cette série par un long voyage au Mexique, au Guatemala et au Belize. Les
cultures qu'il rencontre le concernent plus que la nôtre. Les poupées y ont
une fonction magique, le personnage représenté perdant son statut de jouet
pour prendre celui de talisman ou de fétiche. La confrontation avec la mort
aussi y est là-bas plus insistante qu'ici, avec la mise en scène flamboyante
des funérailles. Il confie : « Au Mexique, les momies, c'était tellement
fascinant que c'était insupportable. Ce n'était pas mort. Elles avaient leur
costume, leur robe collée à la peau ». De retour à Paris, Nedjar prend une
petite chambre. C'est ici qu'il se met à fabriquer ses premières poupées avec
des chiffons de toutes sortes, jusqu'en 1980, année où il commence à dessiner
avec assiduité sur les papiers que le hasard lui procure, activité à laquelle
il s'adonne aujourd'hui encore avec passion.
Expositions
personnelles |
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