Sri Lanka

Période : du 8 au 23 août 1999.

Organisation : vol sec + location de voiture avec chauffeur + hôtels trouvés sur place.

Parcours : Le tour de l'île.

Transport : Koweit Airways pour Paris - Rome - Koweit city - Colombo aller / retour..

26 décembre 2004 : un tsunami (raz de marée), d'une ampleur exceptionnelle, fait suite à un tremblement de terre d'une force 9 sur l'échelle de Richter au milieu de l'océan indien et dévaste les côtes de nombreux pays, dont le Sri Lanka, particulièrement touché. On ne saura jamais le nombre exact de victimes, au delà de 150.000 sans doute, 20.000 au moins au Sri Lanka. Un désastre inimaginable - qui aurait pu prévoir une catastrophe d'une telle ampleur ? - qui touche quelque milliers de touristes argentés ayant le malheur de se trouver là à ce moment précis, et quelques millions d'autochtones, souvent les plus pauvres, qui ont perdu leur peu de biens, leur famille ou la vie.
Je pense aux gens que nous avons rencontré sur la côte Sri Lankaise, qui ne sont peut-être plus, ou, qui de manière certaine, ont perdu leur moyen de subsistance. La vie n'est pas facile, matériellement, dans ces pays, j'éprouve presque une honte à cette double injustice.
Je m'incline et je me recueille pour tous les morts, les blessés, les meurtris du Sri lanka, de l'Indonésie, de la Thailande, de l'Inde et d'ailleurs.
Décidément, cette date du 26 décembre est damnée : déjà tant de morts et de peine en 2003 lorsqu'un tremblement de terre a frappé la magnifique cité de Bam en Iran, que j'avais visité 2 ans auparavant.

Dimanche 8 août 1999 : Départ de Paris

Nous quittons la maison à 9h00, avec à taxi, pour l'aéroport de Roissy. L'avion doit décoller à midi. Évidemment, en ce jour de grands départs, l'avion prend une heure de retard. J'angoisse un peu car nous n'avons que deux heures pour changer à l'aéroport de Koweit. Finalement, nous embarquons. Le voyage ne va pas être très long. Après deux heures de vol, nous faisons escale à Rome. 2 heures d'attente sur le tarmac. Puis, nous redécollons et arriverons en soirée à Koweit city. La chaleur est torride ; au moins 40 C°. Nous allons chercher nos cartes d'embarquement pour le vol pour Colombo. De nouveau, deux heures d'attente. Armance commence à être fatiguée. Dans la salle d'attente, de nombreuses femmes sri-Lankaises patientent . Ce sont sans doute des femmes de ménage qui travaillent dans le golfe et qui rentrent chez elles. L'avion est bondé. Nous repartons pour 6 heures de vol. Il s'agit vraiment d'un voyage long, surtout pour un enfant de cinq ans. Mais Armance reste dans l’ensemble calme, dort, et est vraiment sympa. Quant au service de la Koweit Airways, il est moyen, sans plus. Bien sûr, pas d’alcool sur cette compagnie… Les plateaux repas sont sans intérêt. Le seul petit plus, une télévision à cristaux liquide pour chaque siège ; encore faut-il qu’elle fonctionne !

Lundi 9 août 1999 : Arrivée à Colombo

Nous arrivons à l'aéroport de Colombo vers 6H30 du matin. C'est le petit jour. La chaleur n'est pas torride. Récupération des bagages, contrôle de police rapide. À la sortie de l'aéroport, nous trouvons un employé de l'agence 'Connaissance de Ceylan', qui va nous guider vers notre chauffeur. Nous laissons à l'employé nos billets d’avion, l'agence se chargera de re-confirmer les vols.

Notre chauffeur, qui s'appelle Ananda, va chercher le véhicule. Surprise, il s'agit d'un minibus. Pour trois personnes, je m'attendais à une berline. En fait, il y a très peu de voitures particulières au Sri-Lanka. Des bus, des minibus, des camions, des vélos, toute sortes d'autres engins qui encombrent les routes et qui les rendent dangereuses. Nous quittons l'aéroport pour se rendre au centre de Colombo. il nous faut plus d'une heure pour atteindre notre hôtel. Notre première impression et qu'il s'agit d'un pays assez pauvre. La route est défoncée, il n'y a pas de trottoir, les constructions ne ressemblent à rien, les gens marchent de manière anarchique, sans prêter attention au flot des véhicules. Nous arrivons enfin à l'hôtel intercontinental. Il s'agit en fait d'un palace. Cela sera agréable d’y passer la journée, car nous sommes fatigués. Avant de nous coucher, comme il est encore tôt, nous prenons un petit-déjeuner très copieux au buffet de l'hôtel. La chambre est confortable mais pas très grande. Nous faisons une longue sieste d’au moins trois heures. Nous décidons ensuite d'aller à la piscine de l'hôtel. Celle-ci est assez agréable, et elle donne sur la mer. L'océan est assez déchaîné. Nous sommes au mois d'août, et c'est la période de la mousson. Le soleil brille pourtant, et cela sera le cas durant presque tout notre séjour. Après un bain bien agréable, qui plaît beaucoup à Armance, nous décidons de visiter le centre ville.

Colombo

Le centre de Colombo

Celui-ci se révèle assez décevant. Il y a finalement assez peu de monde dans les rues et les bâtiments ont un intérêt mineur. Nous remarquons aussi une présence policière importante. Ceci est lié aux graves problèmes que rencontre le pays avec sa minorité tamoul. L'hôtel intercontinental est d'ailleurs construit à l'endroit exact où il y a 2 ans, une bombe a explosé. Nous rentrons dans quelques magasins, constatant la pauvreté relative des étalages. La ville est tout de même relativement propre. Plus que dans certains endroit à Paris, tout du moins! Nous souhaitons nous rendre vers le port mais un barrage de police nous l’interdit. Nous rentrons à l’hôtel, un peu déçus. Nos guides touristiques nous avaient de toute manière prévenus, cette ville ne présente pas un grand intérêt.

Après un peu de repos, et un cocktail au bar, nous repartons dans une rue adjacente pour dîner. Nous trouvons un petit restaurant, très couleur locale, où nous mangerons pour quelques roupies. Le repas entier coûte presque dix fois moins cher que les cocktails de l'hôtel! Première découverte de la nourriture sri-lankaise et de son côté épicé ! Nous ne traînons pas, encore fatigués du voyage et du décalage horaire. Nous partons demain à 9 heures, heure à laquelle nous avons donné rendez-vous au chauffeur. Nous passons une très mauvaise nuit. Pourtant, la climatisation rend l'atmosphère agréable et pas trop chaude.

Mardi 10 août 1999 : Negombo et Yapahuva

Lever à 7 heures du matin : nous allons prendre notre petit déjeuner au buffet de l'hôtel. Je me risque à prendre des fruits, sachant que cela n'est pas très prudent. Il faudra durant ce voyage être toujours vigilant. Surtout pour Armance. Nos bagages sont descendus par des employés. Le confort d'un palace est quand même bien agréable, de temps à autres! Cela ne durera pas…Nous embarquons dans notre minibus pour commencer notre périple. La sortie de Colombo s’avère fastidieuse. Les routes sont dans un état déplorable et la circulation est vraiment très dangereuse. Notre chauffeur maîtrise bien son véhicule. Il est extrêmement vigilant. Et surtout, il ne prend pas de risque. Tout le monde se double n'importe comment. Les gros bus semblent particulièrement dangereux.

Notre première étape sera la ville de Negombo, à 50 km au nord de Colombo. Il s'agit d'une sorte de station balnéaire, avec des hôtels le long de la plage. Cette plage n'a rien de paradisiaque et s’avère plutôt décevante. Sur les hôtels, de nombreuses inscriptions en allemand, ce qui en dit long sur le tourisme ici. Le soleil brille, et il fait un peu chaud, surtout que je porte Armance sur mes épaules. Par contre, la mer est très agitée. Nous quittons la plage pour rentrer dans la ville, et nous nous arrêtons dans une église. On trouve au Sri-Lanka une minorité chrétienne. Mais, la majorité de la population est bouddhique. Il y a aussi une forte minorité musulmane. Nous terminons la visite de la ville par une ballade sur la rivière qui se jette dans la mer au niveau de cette ville.

De nombreuses barques de pêcheurs sont alignées le long de la berge. Ceux-ci s'activent autour de leurs filets, nettoyant les poissons. Les barques sont très colorées, mais ces pécheurs ne semblent pas bien riches. Armance est fatiguée et Sibylle reste donc dans la voiture. Je pars seul vers le marché aux poissons qui se trouve sur la plage. Le spectacle est assez impressionnant. Là encore, les pécheurs nettoient et trient le poisson. Une forte odeur se dégage de l’endroit. Le poisson est étendu, sans doute pour sécher, sur des bâches posées à même le sable. Plus loin, quelques étalages, avec toutes sortes de bestioles bizarres. Beaucoup de choses peu appétissantes ! Mais le spectacle est vraiment intéressant. Je fais incongru au milieu de ces gens, avec mon appareil photo au milieu de cette foule grouillante. negombo

Barques de pêcheurs à Negombo

Yapahuva

Le palais de Yapahuva

Nous reprenons la route le long de la côte jusqu'à une ville appelée Yapahuva. Cette ville fut une ancienne capitale du Sri-Lanka au 13e siècle. Les palais et les temples, dont il ne reste rien, se trouvent au pied d'un très grand rocher. Il reste encore un majestueux escalier avec de nombreuses sculptures. Sur la plate-forme, on domine la compagne sri-lankaise. Paysage très vert de jungle et de palmiers. Il n'y a personne sur le site. Nous reprenons de nouveau la route, pour notre étape de la nuit. Il n'y a que 70 km, mais au vu de l'état de la route, il nous faudra encore presque deux heures. Il nous aura fallu plus d’une journée de voiture pour faire les 200 km qui sépare Colombo de Anuradhapura.

Le chauffeur nous mène vers un hôtel que nous avons choisi sur le guide du routard mais celui-ci est complet. Il nous conseille donc un hôtel qui est également repris sur le guide. La chambre et simple mais propre. Nous disposons également d'une salle de bains. Bien sûr , il y a des moustiquaires. Nous serons vigilants durant tout le voyage à leur présence. Le patron et très souriant et affable. Le chauffeur dispos d'une chambre où il peut dormir. Ceci est sans doute compris dans le prix de notre chambre mai cela me semble normal. Nous dînerons sur la terrasse de l'hôtel. Le prix de la chambre est à 100 francs et celui du repas et d'environ 30 francs. La nourriture est assez épicée mais bonne dans l'ensemble. Nous dégustons notre première bière de la marque " Lion ". Quelques étrangers dînent avec nous. Mais il n'y a que quatre chambres en dans l’hôtel. Après s'être enduit copieusement de produits anti moustiques et d'avoir fait brûler un encens répulsif, nous essayons en vain de dormir. La nuit est très agitée: le bruit, la chaleur, le décalage horaire, nous ne fermons pas l'œil de la nuit.

Mercredi 11 août 1999 : visite de Anuradhapura et Mihintale

Lever à 7 heures. Après un déjeuner assez copieux, composé de toasts et de fruits, avec un café aux goût déplorable, nous partons pour autant la visite de la ville Anuradhapura. C’est une ville sainte par excellence, qui fut pendant plus d'un millénaire la première cité du Sri-Lanka.

On y trouve de très nombreux monuments, des temples, des jardins, des palais et des dagobas. Les dagobas, ou stupas, sont des bâtiments en forme de cloche qui sont destinés à abriter un attribut de bouddha. Le site est très étendu et nous visiterons les différents endroits en utilisant notre véhicule. Nous achetons ici le carnet de ticket qui nous permettra de visiter les différents sites du triangle culturel. C'est assez cher: plus de 200 francs par personne. Le triangle culturel correspond à l'ensemble des sites répartis au milieu du Sri-Lanka. Et encore, tous les temples ne sont pas repris dans ce carnet. Nous devrons souvent payer un complément. Bien sûr, les Srilankais payent dix fois moins cher. Cela est normal. Mais le prix finalement consacré à la visite des sites s’avérera très lourd. De nombreux touristes étrangers visitent bien sûr les différents temples, mais la majorité des visiteurs est constituée de Srilankais. Beaucoup mettent une grande ferveur religieuse dans leur visite. L'endroit le plus sacré du site est l'enclos où a été planté, il y a 2200 ans, une bouture de l'arbre de Bodhi. C’est sous cet arbre que Bouddha reçut l’illumination. Partout, dans les parcs, sur les allées, on peut voir de nombreux singes. Armance, bien sûr, est impressionnée. Beaucoup de personnes nourrissent ces animaux mais il est préférable de ne pas s'en approcher. Pour rentrer dans les temples et les dagobas, on doit chaque fois se déchausser. Notre chauffeur, visiblement très croyant, ne néglige jamais de nous le rappeler.

Anuradhapura

Dagoba à Anuradhapura

Il est presque quatorze heures lorsque nous avons fini la visite. La journée est agréable. Il fait assez chaud, mais c'est tout à fait supportable. Dans la ville, nous nous arrêtons dans une gargote, pour acheter des paratas, sorte de crêpes, dans lesquelles ont fait cuire un œuf. Nous en profitons pour acheter quelques bananes, délicieuses. Retour à l'hôtel pour une petite sieste. Vers 16 heures, nous partons pour le temple de Mihintale, autre ville sainte éloignée d'une quinzaine de kilomètres. Les différents temples sont construits sur des collines. Il faut emprunter de longs escaliers pour y arriver. Ici encore, beaucoup de monde vient pour prier. Des stupas, des bouddhas, et une très belle vue sur la campagne environnante. La luminosité, en ce soleil couchant, est très agréable. Sur la route du retour, vers l'hôtel, nous pensons qu’aujourd'hui, c'est l'éclipse totale du soleil en France. Bien sûr, nous ne verrons rien. L’éclipse s’arrêtera dans le golfe du Bengale. Je regrette un peu de rater ce spectacle mais j’apprendrai en fait que le ciel fut très couvert en France et le spectacle de ce fait un peu gâché. Nous dînons de nouveau à l'hôtel, en ayant au préalable bu une bière avec notre chauffeur. Nous apprenons à le connaître. Avant de faire ce métier - il est propriétaire de son véhicule - il était marin. Il travaillait pour des compagnies américaines ou anglaises. Il a fait le tour du monde en bateau. Il partait souvent pour de très longs séjours en mer. Il était mécanicien dans les machines. On devine que cela devait être un travail ingrat. Mais il a été visiblement assez bien payé. Les bateaux sur lesquels il naviguait - des cargos fruitiers - transportaient principalement des bananes. Il a fait ce métier pendant presque vingt ans, et est rentré dans son pays suite au décès de son frère. Il restait le seul membre masculin de la famille et ne pouvait plus parcourir les mers. Il s'est marié et a eu deux enfants. Nouvelle nuit à ses agitée, sans doute pour les mêmes raisons que la nuit précédente.

Jeudi 12 août 1999 : Avukana et Sigiriya

Avukana

Le Bouddha de Avukana

Nous nous levons de nouveau vers 7 heures, le départ étant prévu pour 9 heures. Nous prenons notre petit déjeuner sur la terrasse, sous un agréable soleil, puis allons préparer nos sacs. Nous prenons la route pour Avukana. Avant d'arriver sur ce site, nous longeons un lac artificiel très important et ancien. Au monastère, nous pourrons admirer une superbe statue de Bouddha, debout, d'une hauteur de 15 m. Elle date du 5éme siècle et est taillée directement dans le roc. Nous reprenons la route vers la ville de Dambulla, qui sera notre étape pour deux nuits. Le guide du routard on nous indiquer dans ces devis. Un hôtel assez confortable. Il s'agit en effet d'un très bel hôtel, avec des chambres vastes, et surtout une piscine - qui intéresse Armance. L'endroit est très agréable. Ombragé, fleuri, avec beaucoup de personnel attentif Le midi, le restaurant sert des groupes de touristes en bus. Nous ne souhaitons pas nous restaurer ici: nous partons donc dans la ville et trouvons un petit restaurant local, où nous commandons du poulet. Celui-ci est tellement épicé qu'il en est presque immangeable. Après une petite sieste, nous allons jouer, Armance et moi, dans la piscine. Elle est très heureuse avec ses petites bouées.
A seize heures, nous repartons avec la voiture sur le site de Sigiriya.Il s'agit pour moi, et je pense pour beaucoup de personnes, le site le plus beau du Sri-Lanka. C'est un très gros rocher, de près de 200 m de haut, sur lequel un ancien roi du pays édifia à son palais. Bien sûr, Nous ne sommes pas tout seuls ! Pour arriver au rocher, on traverse de très grands jardins. Ensuite, on commence la montée par une longue volée d’escaliers. Ceux-ci sont d'abord assez larges, mais rapidement la montée devient plus difficile, surtout avec Armance sur les épaules. A mi-chemin de la montée, on trouve un petit escalier en colimaçon, qui permet d’atteindre une grotte dans laquelle sont peintes les demoiselles de Sirigaya, des peintures de très jolies femmes, sans aspect religieux. L’influence est visiblement hindou.La deuxième partie de la montée semble trop difficile avec Armance et Sibylle redescend donc avec elle.

Sigiriya

Le rocher de Sigiriya

Je poursuis donc seul la montée, qui s’avère effectivement assez sportive, avec des petits escaliers très raides en fer, accrochés à la montagne. Mais la vue, en haut du rocher, est magnifique. A perte de vue, la forêt et au loin des montagnes. Ceci dans la lumière rougeoyante du soleil couchant. La plate forme ne laisse apparaître par contre aucun vestige notable. Je profite bien de cette vue magnifique et entame ma descente. Je retourne jeter un œil sur les peintures des femmes, car il y a beaucoup moins de monde que tout à l’heure. Ce sont des bustes, et en y regardant de plus prêt, on voit un dessin très fin et des couleurs délicates. C’est superbe pour des peintures qui ont peut être dix siècles. Je redescend enfin vers les jardins et retrouve Armance et Sibylle. Nous rejoignons Ananda et reprenons la route de Dambulla et de l’hôtel. Dîner le soir au restaurant, qui est beaucoup plus calme que le midi. Il ne doit pas y avoir plus de huit chambres. Confortable pour nous, cet hôtel doit sembler luxueux pour un Sri Lankais. Nous nous faisons servir notre café près de notre chambre, dans un couloir aménagé de manière coloniale, avec de gros ventilateurs au plafond. Ce soir, Armance a eu droit à une glace à l’eau, espérons le bon respect de la chaîne du froid ! Nuit pas trop mauvaise sous nos moustiquaires et grâce à la climatisation. Toujours le danger d’ailleurs, puisque je me réveillerai avec un léger mal de gorge, signe avant coureur de cet éternel problème de vacance, l’angine.

Vendredi 13 août 1999 : Excursion de Polonnaruwa

Lever à sept heures, petit déjeuner correct, sans plus. Le rendez vous était fixé avec Ananda pour 9 heures. La journée sera consacrée à une excursion vers la ville de Pollonaruwa. Il s’agit d’une ville morte, dont il ne reste que les ruines de temples et de dagobas, mais qui fut la capitale du Sri Lanka pendant plus de dix siècles. La route pour y aller est assez longue. Nous mettrons plus de deux heures. Il n’y a pourtant que 70 kilomètres.

Pollonaruwa

Sculpture à Pollonaruwa

Nous traversons des pays assez différents, plutôt désolés et secs. Ceci diffère de la nature que nous avions observé jusqu’à maintenant, toujours très verte et humide. C’est une constante au Sri Lanka, les paysages changent rapidement sur de très courtes distances. Nous allons vers l’est du pays, nous rapprochant de la côte, malheureusement inaccessible. Peut être qu’en insistant, notre chauffeur nous y aurait emmené mais il semblait plus que retissant. De toute manière, juste à cette période, un attentat dans cette région fut à l’origine de la mort de douze policiers. Ceci indique bien que la région n’est pas sûr et il semble que les terroristes peuvent s’en prendre aux étrangers, pas pour les tuer, mais pour les voler. Nous arrivons donc vers Polonnaruwa vers onze heures et commençons la visite par le petit musée, très intéressant. De belles sculptures en pierre et en bronze, découvertes sur le site, y sont exposées. Des maquettes très bien faites de bâtiments également. La visite des ruines est ensuite un jeu de piste que nous parcourons, du fait d’Armance, en partie en voiture. Les palais, les temples, les bassins, les esplanades se succèdent, les uns après les autres. Beaucoup de sculptures, de restes de colonnes, dans différents styles, de différentes époques. Un descriptif serait laborieux à lire. A noter également de très grandes statues de Bouddha, dans plusieurs positions (couché, en lévitation, etc…). Notre visite dure deux bonnes heures. Nous reprenons le chemin du retour. Un monastère plus au nord, du nom de Medirigiriya, mérite sans doute une visite, mais le trajet aller retour, au vu de la carte, laisse supposer deux ou trois heures de voyage. Armance risque de fortement s’impatienter. Nous squeezons donc cette étape. Nous nous arrêtons à un " restoroute " ( !) afin de manger quelques petits pains et beignets, bien sûr horriblement épicés. Nous sommes installés sur la rive d’un grand lac artificiel.

Sur la route du retour, nous souhaitons aller sur le site de Ritigala, un endroit très peu visité, où on peut voir un monastère du 2ème siècle avant JC. Ananda ne s’y est jamais rendu et nous empruntons une piste pour nous y rendre. Nous nous enfonçons avec notre minibus dans une nature assez désolée sur un chemin défoncé. Pas âme qui vive à l’horizon. Ananda, très précautionneux pour son véhicule, roule à la vitesse d’un escargot. Ces kilomètres nous paraissent interminables. Nous arrivons enfin à la guérite d’un gardien (il doit parfois s’ennuyer !), qui nous indique que le site est encore à deux kilomètres, puis une montée à la marche est nécessaire. Nous ne nous sentons pas le courage de faire encore tout cela et rebroussons chemin. Ananda ne connaîtra toujours pas Ritigala ! Sur la route du retour, nous ne trouvons pas de stations essence approvisionnées. L’aiguille de la jauge est dans le rouge. Ananda coupe la climatisation du véhicule par économie. Nous prions pour arriver jusqu’à l’hôtel. Les stations sont rares et en plus l’approvisionnement ne semble vraiment pas régulier. Nous trouvons enfin de l’essence….à l’entrée de Dambulla. Il était temps. Soirée tranquille, avec un apéritif autour d’une bière, un dîner aux chandelles, tout prêt de la piscine et notre café (imbuvable) près de la chambre, où Armance dort déjà. Nuit assez agitée. Nous n’aurons jamais passé une nuit vraiment bonne dans ce pays.

Samedi 14 août 1999 : de Dambulla à Kandy

Lever à l’heure habituelle et petit déjeuner. Je règle environ 650 F pour les deux nuits et tous les repas et boissons, ce qui n’est pas finalement si onéreux que cela pour nous. Un bon mois de salaire pour un Srilankais moyen…c’est un des meilleurs hôtels du voyage. Nous visitons ce matin les grottes de Dambulla, à la sortie de la ville. C’est un lieu encore très religieux, où les gens viennent prier et faire des offrandes. Un alignement de cinq grottes, dans lesquelles on peu admirer des sculptures de Bouddha et autres divinités, de toutes formes et couleurs. Les offrandes, des fruits ou des fleurs, font le régal de dizaines de singes qui squattent le site. Ils sont les rois ici mais sont agressifs. Beaucoup de visiteurs et de marchands qui nous accostent souvent. Ces grottes, dont les parois sont elle-même recouvertes de peintures, sont intéressantes à voir, mais nous découvrirons ultérieurement un site moins connu et encore plus impressionnant. Après cette visite, nous prenons la route de Kandy, une des grandes étapes du Sri Lanka. Nous nous arrêtons en route à Nalanda Gedige, où l’on peut admirer un petit bâtiment en pierre, où se mêlent style bouddhistes et hindous, avec des statues érotiques, proches de celles de Kajuraho, en Inde. Petite halte également à Matale, où nous visitons au centre un temple hindou moderne, avec comme toujours, ses décorations de personnages très colorés, et grandeur nature, au dessus des portes. Cela nous rappelle les temples vus à Singapour. Le gardien nous montre également dans des hangars des chars de procession très chargés en motifs zoomorphes ou humains. Nous déjeunons de quelques bouchées (hypra épicées) dans un petit restaurant triste et sombre. La propreté n’a pas l’air le genre de la maison. Mais bon, le pays est quand même bien pauvre. Ananda arrête de manger son beignet et part vers la cuisine, montre son beignet au cuisinier. J’imagine un cafard cuit dans la pâte… Le cuisinier se marre…Après cette halte culinaire non inoubliable, nous reprenons la route jusqu’à Kandy. La végétation est luxuriante et nous rentrons dans des paysages plus montagneux. Nous arrivons enfin à la ville, ayant longé précédemment les rivages du lac.

Le chauffeur nous arrête au centre, près du temple de la dent, le lieu le plus sacré du Sri Lanka. Dans ce temple, se trouve un reliquaire ou est posé une dent de Bouddha. Ceci explique la visite de centaines de milliers de pèlerins par an. L’activité est assez grouillante autour des bâtiments, qui ne présentent pas d’ailleurs un intérêt formidable. De nombreux contrôles de police pour rentrer dans le temple. Il y a deux ans, un attentat a détruit une grande partie de l’entrée du temple et tuant de nombreuses personnes. Depuis, la présence policière dans cette ville a été rapidement renforcée. Nous stationnons avec le minibus près du temple. L’ambiance est assez agitée et un peu stressante devant le temple. La queue devant l’entrée pour une fouille des sacs et des personnes, puis plus loin un autre contrôle puis encore un autre… Nous rentrons enfin dans le bâtiment. Celui-ci ne présente pas de particularité. C’est un lieu de culte, avec beaucoup d’agitation. Des personnes sont assises, prient et déambulent. La majorité se recueille devant une petite pièce où se trouve la relique de Bouddha. Nous sortons ensuite du bâtiment pour aller dans la cours adjacente et rejoindre le véhicule.

Kandy

Kandy, le temple de la dent

Ananda nous propose de nous rendre dans un hôtel qu’il connaît, un peu en dehors de la ville. Nous entamons donc le tour du lac, qui s’avère agréable, et bifurquons pour une petite route étroite. Après plusieurs virages, nous arrivons à un hôtel à l’architecture agréable, avec petits balcons en bois, qui lui donne un côté chalet. L’hôtel est propre mais on nous propose une chambre sans intérêt alors qu’une autre, très belle, est libre. Le prix est un peu élevé aussi. Je refuse donc, guettant la réaction d’Ananda qui se voyait bien passer la nuit ici…Stoïque, il ne laisse rien paraître et nous repartons pour le centre de Kandy. En fait, j’avais le désir de trouver un hôtel dominant le lac, ce qui donnait beaucoup plus d’intérêt à notre séjour ici. Après quelques essais infructueux - hôtel complet, ou pas de moustiquaire, ou une seule nuit – nous nous rendons par un petit chemin escarpé vers celui que j’avais relevé en premier ; la meilleure adresse de Kandy à prix doux, selon le routard. Une jolie maison de style colonial, avec un grand avant toit et des petites colonnes. Et surtout, une pelouse et des arbustes fleuris qui domine tout le lac de Kandy. La vue est vraiment charmante. Quatre chambres, aux qualités très inégales. Il ne reste malheureusement que la plus petite et la moins bien située, avec un lit double. Bon, on accepte quand même, car il serait risqué de repartir ailleurs maintenant. Après s’être installé dans la chambre, avec les aménagements habituels ( !) – déplacement du lit, changement de moustiquaire, étendage du linge, etc… - nous nous reposons un peu puis allons siroter une boisson sur la terrasse, profitant de la vue sur Kandy.

Vers 18h30, nous partons pour voir un spectacle de danses traditionnelles, dans un grand hôtel au pied du lac. Bien sûr, il s’agit du spectacle touristique par excellence, mais celui-ci se révèle de bonne qualité : richesse des costumes, multiplicité des tableaux, mouvement continu. Cela se termine par une marche sur un chemin de braise, tout de même impressionnant. Comme d’habitude dans ce genre d’endroit, on retrouve quelques bons bidochons de toutes nationalités (je ne m’exclue pas complètement de la grande famille des bidochons ! ! !) : l’allemand rougeaud et bedonnant buvant sa canette de bière , la peroxydée en déshabillé moulant et nus pieds haut talons doré, la mamie au caméscope … c’est le côté marrant de la chose ! je pense à ses pauvres Sri Lankais, généralement discrets, qui doivent nous regarder tous là comme des gens plutôt bizarres, et sans doute inconvenants… Retour à l’hôtel pour le repas que nous avions commandé avant de partir. Du potage, du poulet du riz et des légumes. Rien d’extraordinaire. nous mangeons dans la salle à manger, où il n’y a en fait que trois tables. Un couple d’Italiens à côté de nous. Nous couchons ensuite Armance et prenons le café sur la terrasse, dans les confortables fauteuils installés sous l’avant toit, avec la vue sur le lac et les lumières de Kandy.

La nuit est douce, le temps dégagé. Nous allons vers la pleine lune. Ceci est important, car en ce mois d’août, va bientôt débuter l’Esala Parahera, une des fêtes les plus spectaculaires du Sri Lanka et même d’Asie (paraît-il). C’est une succession de processions, avec musique, chants, danses, costumes ,éléphants, etc… La fête dure dix nuits et se termine le lendemain de la pleine lune ; ce sont les cinq dernières nuits les plus impressionnantes. La fête ne commence que dans quelques jours, notre séjour n’est pas trop cadré sur l’événement, et Armance pourrait être impressionnée par la foule et l’agitation. Nous n’y assisterons donc pas, peut-être est-ce dommage… Nuit agitée sous notre moustiquaire, avec Armance entre Sibylle et moi.

Dimanche 15 août 1999 : les environs de Kandy

Lever à 6h00 et petit déjeuner simple ; Nous partons ce matin pour l’orphelinat des éléphants, à 45 km de Kandy. La route est belle, et assez montagneuse. La nature est exubérante. c'est dimanche, beaucoup de monde sur la route, dans des bus qui roulent à tombeau ouvert… Il nous faudra presque deux heures pour rejoindre l’orphelinat. En route, Armance nous fait une indigestion… La pauvre doit se contenter le matin de lait en poudre reconstitué avec de l’eau froide…Elle n’apprécie guère et le cahots de la voiture n’arrange rien. Rien pour la changer, nous lui enfilons un de mes tee shirts que j’avais emmené.

L'orphelinat des éléphants

L’orphelinat des éléphants s’avère bien sur être une grosse entreprise touristique, nous nous y attendions. De mémoire, nous revoyons cette ferme des éléphants à Changmaï, en Thaïlande, avec des dizaines de bus climatisés et leur troupeau de touristes. Bon, ici, l’ambiance n’est quand même pas tout à fait identique, et les visiteurs sont en majorité des Sri Lankais. On commence par le repas des bébés éléphants. Ca commence mal, ils sont tous attachés par les pattes sous un enclos, très contraints dans leurs mouvements. Ils les nourrissent au biberon, en fait une bouteille d’eau minérale pleine de lait. Nous nous dirigeons ensuite vers une grande clairière, où s’ébattent de nombreux éléphanteaux. Ils sont ici en liberté et on peu les approcher. Armance en caresse même un, assez impressionnée. Troisième étape, le bain des éléphants, dans la rivière : nous nous postons sur la terrasse d’un restaurant, dominant la rivière, et sans doute construit pour cela. Le troupeau arrive quelques minutes après. Le spectacle est quand même intéressant, et Armance apprécie. Les animaux s’aspergent, se couchent, sont lavés par leur cornac.

Nous regagnons au bout d’une demi-heure le minibus, en profitant pour acheter un tee shirt à Armance, avec bien sûr des éléphants ! nous avions perdu de vue Ananda, qui nous retrouve au véhicule. Il a l’air un peu soucieux. Sa petite fille de deux ans est malade. Nous reprenons la route vers Kandy et nous arrêtons au jardin botanique de Peradeniya, très réputé. La aussi, beaucoup de monde en ce dimanche. Le jardin est à la hauteur de sa réputation. Je ne suis pas fanatique de ce genre d’endroit mais il faut reconnaître que les essences d’arbres ici présentes méritent le coup d’œil. Palmiers, Ficus, bambous, fougères, toutes les plantes poussent dans des proportions impressionnantes. Un bambou prend ici la taille d’un bouleau adulte en France ! On dit au Sri Lanka que le travail du jardinier ne consiste pas à planter mais à arracher. Quand on voit la nature ici et partout dans le pays, on est pas étonné du tout. Il fait ici une température moyenne de 20 C, à une altitude de 500 m. C’est un climat idéal de serre. Nous déjeunons d’abord dans le restaurant du parc un menu conventionnel et un peu cher, mais assez bon puis nous commençons la visite. Le parc est très bien entretenu, les pelouses soigneusement tondues, les différentes essences d’arbres agréablement mêlées entre elles. Il fait beau et chaud. Cette visite est très agréable.

Nous reprenons de nouveau la route mais avant de rentrer sur Kandy, nous faisons un petit détour par deux temples et monastères un peu à l’écart du parcours touristique ; occasion pour nous de traverser quelques belles campagnes très verdoyantes . Un temple au style presque hindou, et un autre peint tout en bleu, sur une colline, dominant la campagne environnante. Nous retournons enfin à Kandy et à notre hôtel. Là, bonne surprise ; j’avais demandé le matin à l’hôtelier s’il était possible de changer de chambre pour le soir, vu que toutes les autres s’étaient libérées. Sa moue avait laissé présagé que cela n’était pas possible. Or, toutes nos affaires avaient été transférées dans une autre chambre, la principale, immense, lumineuse, avec un grand lit et un petit, et un beau plancher en bois. Une vaste salle de bain et une baignoire très fatiguée (commentaire exact du routard !). nous étions vraiment content. Un peu de repos et de jeu de balle avec Armance sur la terrasse et nous repartons sur le bord du lac pour une promenade. Ananda nous laisse vers le temple de la dent et nous donne rendez vous dans une heure. Mais un peu plus loin, la police bloque le passage pour une raison inconnue. Nous rebroussons chemin et le chauffeur nous mène de l’autre côté du lac, à l’hôtel Suisse, un des palaces coloniaux de Kandy. Il nous y attendra. Nous recommençons donc la ballade autour du lac, rejoignant le centre cette fois-ci par l’autre rive. Beaucoup de circulation (et de pollution) sur la route qui longe la berge, et beaucoup de promeneurs également. Nous rejoignons le centre ville et déambulons dans les quelques rues qui forment le quartier central. Pour rejoindre l’hôtel Suisse, nous prenons un tuk tuk, petit véhicule à trois roues, que l’on trouve par milliers dans ce pays, comme dans beaucoup de pays d’Asie, d’ailleurs. Conduite sportive et étouffante ; on se trouve au niveau des pots d’échappement des bus et des camions qui ne roulent pas au sans plomb… De retour à l’hôtel, nous prenons une bière avec Ananda, puis repas léger, un café sur l’agréable terrasse et la nuit douce et dodo.

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