Syrie et Liban

Période :  août 1995 (15 jours)

Organisation : circuit aventure de Nouvelles Frontières.

Parcours : Damas, Alep, l'est, Palmyre, Bosra, Baalbek (Liban).

Transport : Syrian air - Paris - Damas - Paris.

carte du pays et parcours effectué

Carte et parcours : cliquez sur le globe

 

Je rédige ce carnet 6 ans après mon voyage : j'ai donc un peu oublié les anecdotes du voyage mais je livre tout de même ici le fil exact du parcours et des événements les plus marquants de ce superbe voyage.

Nous avons découvert la Syrie en 1995. Ce pays est une pièce essentielle dans la découverte du Proche Orient. Parmi les voyages que j’ai effectué, la Syrie tient une véritable place de choix. Pour qui est intéressé par l’histoire, la culture et l’archéologie, elle concentre des vestiges de nombreuses civilisations, de plus de 5000 ans avant Jésus Christ à nos jours : villes néolithiques, cités grecques et romaines, monastères chrétiens et forteresses de croisés, mosquées et palais de sultans.. Ce n’est pas sa seule richesse ; le peuple syrien est extrêmement accueillant. On peut y découvrir aussi de beaux paysages et des terres fertiles, même si une grande partie du pays, dans sa partie sud est, est constitué d’un vaste désert caillouteux.

Nous sommes partis au mois d’août, ce qui est bien sûr la période la plus chaude ; Nous n’avions malheureusement pas le choix. Bien sûr, nous avons eu chaud, parfois même très chaud, mais dans l’ensemble, cela fut supportable. Souvent, du côté de la méditerranéenne, une petite brise vient rendre l’atmosphère plus supportable. Dans l’est du pays, on dépasse les 40 degrés et c’et parfois difficile, mais la majorité des sites se trouvent dans la partie méridionale du pays. Si on a le choix, il est préférable de partir au printemps et en automne, comme dans de nombreux pays de la région.

L’infrastructure du pays est correcte dans l’ensemble. Pour la découverte touristique, les routes ne sont pas trop mauvaises, les moyens de transport sont nombreux et efficaces (c’est le bus qui domine ici). Le bus, moyen de transport économique, cohérent, social, pratique. Bien sûr, si ceux ci offrent un minimum de confort. Pour les hôtels, nous n’avons pas goûté au confort des palaces internationaux, ce n’est pas dans nos prix. Bon, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de folichon dans l’ensemble. Nous avons tout de même évité le pouilleux (quoique, une ou deux fois…) et parfois avons dormi dans du deux étoiles.

La nourriture : c’est le grand classique moyen oriental, avec ses influences turques et libanaises. On retient avant tout le mezze, aussi bon qu’au Liban. Petite orgie de toutes sortes de petits plats de légumes et de viandes. Le reste est assez classique et ne casse pas des ‘briks’ ( !). Mouton, aubergine, riz, pommes de terre… Pour les boissons, on trouve un peu de bière et de vin, mais c’est bien sûr une habitude pas trop répandue, pays musulman oblige. Et puis, notre fameux Arack anisé dont je me suis déjà entretenu dans d’autres pages. De l’eau en bouteille partout et pas chère.

 Notre organisation :

Nous avons découvert la Syrie en utilisant une formule que nous appréciions à l’époque, le circuit de type découverte, organisé par l’agence Nouvelles Frontières. Comme je l’ai déjà explicité par ailleurs, cette formule présente certains avantages : l’impression du voyage individuel, même si l’on est un petit groupe (une dizaine de personnes). Rien n’est réservé à l’avance, c’est l’accompagnateur qui s’en charge sur place. Une découverte donc pas trop organisée qui laisse libre place à l’initiative et permet d’avoir une authenticité et une latitude beaucoup plus importante que dans un groupe organisé classique. Un prix accessible, qui se paie bien sûr par un confort moindre (petits hôtels, transports locaux, gargotes plutôt que restaurants luxueux), mais c’est de toute manière plutôt comme cela que nous avons l’habitude de voyager. Pour la Syrie, nous n’avons de toute manière jamais dormi et manger dans des bouges, sans parler de grand confort tout de même.

La formule présente malheureusement toujours les mêmes inconvénients : un groupe avec beaucoup de liberté demande de la conciliation de la part des participants : là, c’est le coup de poker, soit cela fonctionne, soit cela ne fonctionne pas. En Syrie, nos compagnons de voyage, chacun avec leur caractère particulier, se concilièrent dans une alchimie pas désagréable dans l’ensemble. Nous nous retrouvâmes d’ailleurs une grande partie à la maison quelques mois plus tard pour un repas souvenir, ce qui prouve qu’une entente cordiale existait. Cela ne fut pas le cas de notre voyage au Yémen, l’année suivante, qui nous fit arrêter définitivement l’utilisation de cette formule, pour retrouver le plaisir du voyage individuel.

Un autre inconvénient peut venir de l’accompagnateur, dont la compétence est parfois douteuse. Job pas facile, quasiment pas rémunéré (billet d’avion payé), sans beaucoup d’expérience préalable. Son rôle est important ; c’est lui qui est responsable de la bourse et des réservations. Nouvelles Frontières recrute d’une manière sans doute beaucoup trop légère, mais on ne peut pas attendre des miracles quand on ne s’en donne pas les moyens. En Syrie, nous avons eu une jeune accompagnatrice, sans beaucoup d’expérience, qui a  mené sa barque comme elle a pu, sans faire de miracle dans son management et sa gestion des relations humaines. Elle a rempli son contrat.

 

Récit

 

Dimanche 13 août 1995 : arrivée à Damas

Nous avons quitté  Paris de Orly avec la compagnie Syrienne, un Boeing 747. Service standard. Arrivée à Damas en fin d'après midi. Formalités de police et de douanes sans trop d'histoire. Un minibus nous conduit à notre hôtel, au centre de Damas. Pas encore le temps, bien sûr, de humer la ville. L'hôtel est une bâtisse ancienne, un peu décrépie, mais d'un confort acceptable. Nous avons une chambre pour Sibylle et moi, nous sommes deux couples dans le groupe. De la terrasse de l'hôtel, nous voyons l'activité bruyante caractéristique d'une grande capitale arabe. Il fait doux cette première soirée. Repas dans un petit restaurant près de l'hôtel et thé commun question de commencer à faire connaissance et de parler de notre parcours. La découverte va vraiment commencer le lendemain.

Lundi 14 août 1995 : Damas, visite de la ville

Le temps ayant déjà fait quelques dégâts sur la mémoire, je n'ai plus une vision très précise de la ville de Damas. Nous y sommes restés sans doute assez peu longtemps pour véritablement l'apprécier. Assez éprouvante pour y circuler, surtout dans le centre. De grandes artères, rectilignes, avec des immeubles modernes, cubiques et sans charme, des quartiers plus résidentiels. La ville est en pleine extension, et on peut en observer le périmètre des collines environnantes, qui la domine. Mes souvenirs les plus marquants sont donc les souks, la mosquée des Omeyyades ou grande mosquée, le palais Azem et le musée archéologique national. La majorité de ces endroits se trouvent dans la vieille ville.

Les souks de Damas ne se différencient pas beaucoup des souks d'autres pays arabes : fébrile activité, encombrements, quartiers spécialisés par métier. Ils sont d'une manière générale assez organisés, avec de véritables boutiques. C'est toujours un endroit privilégié pour voir la population, se faire une idée du mode de vie. 

Nous y avons noté certains contraste étonnants : la femme, en Syrie, est souvent voilée, particulièrement à Damas, mais il n'est pas rare de voir des femmes arabes en tenue tout à fait occidentalisée. Ceci est sans doute dû aux liens étroits qui unissent les Syriens et les Libanais, beaucoup plus libres dans leur apparence. Enfin, je fais des supputations... Une partie des souks est recouverte par des toits de tôles, ce qui fait que l'on est à l'ombre pour déambuler. 

La grande mosquée se trouve dans la vieille ville. C'est une des mosquées les plus sacrées de l'Islam. Sa construction débuta vers 700 après JC. Elle est constituée d'une grande cour de 120 m sur 50 entourée de murs d'arcades à deux étages. Une partie des murs est recouverte de somptueuses et fines mosaïques. Au milieu de la cour, le trésor, petite construction sur colonne corinthienne, aussi richement décoré. A voir aussi, la vaste salle des prières et les minarets. La mosquée a beaucoup souffert durant son histoire des destructions (incendies, tremblements de terre, pillages).

La grande mosquée

 

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Le palais Azem

Le palais Azem est une somptueuse construction datant du 18ème siècle, et construite par le sultan de l'époque. Partie privée et partie publique, il a été converti en musée des arts et traditions populaires. De ce fait, réaménagé, il permet de voir un habitat raffiné, avec de beaux meubles incrustés, si typiques de l'art syrien. La visite est agrémentée par la présence de jardins et d'arbres, de fontaines, qui rafraîchissent l'atmosphère.

Nous visiterons également le musée national, en dehors de la vieille ville, qui présente une somptueuse collection, à la hauteur de la richesse et de l'ancienneté de l'histoire du pays.

Le soir, après avoir également déambulé dans la ville nouvelle, le quartier de la gare, nous nous rendrons avec le groupe sur le mont Kassioum, qui domine la ville, et c'est donc toute la cité illuminée, immense, qui se trouve à nos pieds. Nous voyons de là-haut également le palais présidentiel, forteresse moderne qui domine la ville, où vit Assad, le président 'incontesté', non encore décédé à l'époque.

Parenthèse ici sur Assad et la Syrie. Hafez el Assad est le président du pays depuis 1970. Il est le représentant du parti Baas, parti principal du pays depuis la deuxième guerre mondiale. C'est un autoritaire, qui a fait du pays une puissance militaro-industrielle, le militaro l'emportant sur l'industriel. Farouchement anti-sioniste, il rêvait d'annexer le Liban pour créer la grande Syrie. Je ne m'étendrai pas plus sur le bref rappel historique, mais parlerai des conséquences que nous avons pu constater : un pays militarisé, policier. Un culte de la personnalité assez incroyable. Nous avons vu des portraits de Assad partout et sous toutes les formes : En photo, en peinture, en ampoule, en morceaux de verre, en caillou, etc... on ne peut pas dire que le peuple syrien soit à l'aise. Nous ne nous sommes pas aventurés à en parler avec les quelques syriens que nous avons côtoyés d'une manière plus proche (sujet tabou...), mais la moindre allusion est rapidement détournée. Bref, politiquement et en matière de droit de l'homme et de liberté d'expression, inutile de vous dire qu'il y a sans doute des progrès à faire (je ne veux pas ici trop jouer le donneur de leçons, sachant qu'il faut déjà balayer devant sa porte avant de critiquer les autres). Je ne connais aussi sans doute que trop peu de choses sur le contexte politique global du pays. Ce qui est reconnu est qu'il est tout de même à l'origine de massacres, particulièrement de  30000 personnes dans la ville de Hama, en 1979, bastion de musulmans intégristes, que nous visiterons au cours de notre voyage. En 2000 , Hassad n'est plus et c'est son fils qui le remplace. Les choses évolueront-elles ?

Mardi 15 août 1995 : Monastères, Krac des chevaliers.

Nous quittons Damas ce matin. Petit déjeuner rapide à l'hôtel et nous sortons nos sacs à dos. Notre gentille organisatrice nous a déniché un bus... Quel bus! un truc des années cinquante qui doit avoir au moins deux millions de kilomètres au compteur. Un peu déglingué de partout. Beaucoup trop grand pour le groupe. On se conforte en se disant qu'il y aura au moins de la place pour les bagages... Le chauffeur est soit disant un ingénieur. Il cherche son créneau sur le transport de touristes. Nous partons dans un bouquant d'enfer et une fumée de dieu ! 

Première étape ; Seydnaya et son monastère. Il s'agit d'un village chrétien, à l'architecture moderne, beaucoup d'immeubles récents. Le monastère est accroché au rocher qui domine le village. Il est assez vaste, sans style véritable car composé de nombreux bâtiments de toutes les époques. On peut y voir une icône de la sainte vierge, dans une chapelle. Tout l'intérêt de la visite repose sur le fait que nous y soyons un quinze août, fête de la vierge. L'église est comble. Nous pouvons assister à une partie de la messe, très traditionaliste orthodoxe, avec de nombreux popes.

Nous continuons notre chemin vers le nord et stoppons à Maaloula, à une cinquantaine de kilomètres de Damas. Il s'agit là encore d'un village chrétien, avec une église et un monastère (Saint Serge). Ce village est connu car on y parle encore l'araméen, la langue du Christ. Sa configuration est également originale, car on y accède par une étroite gorge rocheuse. Le monastère est enclavé dans la montagne. Cette présence de villages chrétiens est une première surprise pour nous, qui nous attendions plutôt à visiter des mosquées. Mais il suffit de regarder une carte pour voir que nous sommes tout proche du Liban et d'Israël, ceci expliquant cela. Nous rattrapons ensuite la route principale qui nous mène vers le nord et la ville de Homs. Précisons, à petite vitesse car le bus fait ce qu'il peut pour avancer... 

Le monastère de saint Serge, Maaloula

Le Krac des chevaliers

Nous ne visitons pas Homs; d'après nos guides, cette ville n'a pas d'intérêt. Les installations industrielles que nous voyons n'y encouragent pas. Nous bifurquons vers l'ouest et la mer, vers le Krach des chevaliers. Nous l'atteignons dans l'après midi, nous arrêtant au préalable au monastère de Saint Georges qui se trouve en contrebas de la montagne et offre sur lui une belle vue.

Le Krac des chevaliers est une forteresse bâtie par les croisés à partir du 12ème siècle. C'est une des plus grandes et belles forteresses de cette époque. Elle accueillait plusieurs milliers de soldats à la reconquête de Jérusalem. C'est un site exceptionnel. Le problème est qu'il faut y monter, et avec notre bus tout pourri, cela fut une aventure... Dans un déluge de bruit et de fumée, nous devions atteindre la moyenne de trois kilomètres heure dans les rues pentues du village construit en dessous... Lorsque nous atteignîmes enfin l'entrée du Krac, le bus expira. D'abord, s'installer pour la nuit, nous visiterons le site le lendemain matin. Le petit hôtel qui se trouve ici ne dispose que de trois chambres, déjà occupées, et nous sommes une douzaine... A la guerre comme à la guerre, nous dormirons donc dans la salle du restaurant sur nos sacs de couchage. Découverte du village et moment romantique au soleil couchant sur le Krac. Repas joyeux mais ce qui fut le plus comique est que nous devions, pour atteindre la seule douche de l'établissement, traverser une des chambres occupées. A douze, le petit manège de va et vient dura un bon moment et je souris encore du stoïcisme de ces pauvres touristes qui nous ont vu passé les uns après les autres. Nuit pas très confortable tout de même sur le béton de la salle de restaurant.

Mercredi 16 août 1995 : Visite du Krac et Lattaquié

L'avantage de l'inconfort est que nous fûmes debout de bonne heure pour apprécier la visite. Et cela en vaut la peine. Très bien restauré, c'est un immense château avec de hautes murailles, des tours, des donjons, et à l'intérieur, de multiples bâtiments nécessaires à l'hébergement de milliers de personnes. Des salles de logis, des écuries, des entrepôts, des salles d'armes, une chapelle... 

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L'intérieur du Krac

Nous sommes en fait très peu nombreux pour la visite, et c'est super. On se prendrait pour Lancelot du lac ! En fait, la forteresse restera aux croisés environ un siècle et demi, puisqu'en 1271, elle sera assiégée et gagnée par un sultan Mamelouk, qui ne la détruira pas mais au contraire l'utilisera à son profit. Avec le temps, elle sera bien sûr abandonnée et c'est dans les années 20 qu'elle commencera à être restaurée par les Français qui avaient un protectorat sur la Syrie.

Nous quittons le Krac en début d'après midi. Nous pensions tous à l'inconnue du facteur bus, que nous avions vu le matin le moteur par terre... Sur ce coups, notre gentille organisatrice ne s'est pas trop mal débrouillée. Elle a dégoté un minibus de remplacement, qui, bien sûr, conviendra beaucoup mieux à nos déplacements. Le pauvre chauffeur essaie désespérément de nous convaincre d'attendre la réparation. J'ai un peu mal pour lui, mais on ne va tout de même pas poireauter ici des plombes pour son vieux tacot qui rendra l'âme de nouveau cinquante kilomètres plus loin. L'état de la route que nous prenons confirme cette hypothèse. Nous voici donc avec un nouveau chauffeur, dans un minibus beaucoup plus neuf ; Évidemment, nous sommes un peu plus entassés, mais ça, on a l'habitude. Ce qui importe est l'efficacité ! Pour le chauffeur, on se rendra vite compte que cela devait être sa première expérience de conduite de touristes...

Safita

Nous atteignons la ville de Safita. Petite bourgade dans les montagnes, elle est entourée de champs d'oliviers. C'est un lieu de villégiature pour les habitants de Damas qui viennent ici y rechercher un peu de fraîcheur. Un petit château domine la ville, qui n'a pas un charme fou, mais on peut voir depuis là haut un paysage vallonné et verdoyant.

Toujours plus à l'ouest, nous atteignons la mer méditerranée et le château de Marqab. Celui-ci domine la mer du haut de son piton. Il fut le dernier bastion des croisés et tomba en 1285, après le Krac. Sa visite se révèle intéressante même s'il n'a pas l'ampleur et l'état du Krac.

Arrivée en fin d'après midi à Lattaquié, grande ville moderne aux avenues larges et aérées. C'est 'la' station balnéaire de la Syrie. Bon, il faut relativiser tout de même. Mais on sent ici une atmosphère beaucoup plus libérée qu'à Damas, influence sans doute du Liban et de la Turquie toutes proches. La ville n'a pas grand chose à offrir en matière de patrimoine. Nous nous installons dans un hôtel assez miteux (pas terrible l'hôtellerie pour l'instant...) et dînerons dans un restaurant en terrasse assez réputé de la ville, après avoir fait un rapide tour d'horizon de son son centre.

Jeudi 17 août : Ugarit, le château de Saladin, Apamée, Hama

Lever de bonne heure pour se rendre à Ugarit. Ici, il n'y a rien d'impressionnant à voir, juste un vaste champ de pierres enchevêtrées. Mais Ugarit est un lieu d'une importance extrême, car on considère que c'est ici que fut inventé l'écriture. L'histoire du royaume d'Ugarit est plusieurs fois millénaire. 

Elle remonte au moins à 6000 avant JC. Succession de périodes fastes et de décadences, l'apogée du royaume fut atteinte entre le 15ème et le 13ème siècle avant notre ère. Puis, Ugarit sombra au 12ème siècle. Il ne reste que très peu de choses sur place. Tout ce qui a été retrouvé se trouve dans les musées : bijoux, poteries, outils, et surtout les tablettes d'alphabet cunéiformes, à l'origine de nos alphabets.

Ugarit

Sous les ruines, restent bien sûr les vestiges des villes plus anciennes : sans doute de belles surprises pour les archéologues. On peut encore voir les fondations des bâtiments principaux ; palais royal, bibliothèque, temples...

Le fossé du château de Saladin
et l'aiguille du pont levis

Nous repartons vers l'est pour atteindre un autre château, le château de Saladin. Il s'agit, avec le Krac des chevaliers, d'un des plus beaux châteaux de Syrie. Il fut édifié par les croisés au début du 12ème siècle, sur des constructions bien antérieures. Il mesure environ 700 m de long sur 120 m de large et abrita jusqu'à 3000 soldats. Ce qui est le plus impressionnant dans ce château est le fossé qui fut creusé pour le protéger. Une immense faille de 30 m de profondeur, dans la roche, large de 15 m et longue de 150 m. Un travail titanesque. au milieu du fossé, une aiguille de pierre de presque 30 m, qui fut conservée et qui servait de soutien au pont levis. Dans l'enceinte, on trouve les bâtiments habituels d'un château fort ; logis, écuries, donjon... Remarquable également, la citerne, creusée elle aussi à même le pierre, qui pouvait contenir 3000 m3 d'eau. Le château fut pris par Saladin en 1188, qui lui donna son nom.
Nous quittons le château de Saladin et retrouvons la route principale qui longe la frontière turque et la province d'Alexandrette. Des montagnes, nous voyons les terres fertiles turques, alors que de ce côté de la Syrie, les terres sont plutôt arides. La route bifurque vers le sud et il reste encore une bonne cinquantaine de kilomètres avant d'atteindre le site d'Apamée. Pourvu qu'il ne soit pas fermé... Non, nous allons tout de même avoir le temps de le visiter (sans trop traîner...).

Apamée, pour moi, la plus belle surprise du voyage : bien sûr, Palmyre va nous donner l'occasion de voir un magnifique site antique, mais on s'y attend et on s'y prépare : Apamée, je ne l'envisageais pas si belle. 

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Apamée

C'est une ville dont les premiers vestiges remonteraient au 3ème millénaire avant JC mais c'est entre le premier siècle avant JC et le 2ème siècle après JC qu'elle connut, sous domination romaine, sa plus grande splendeur. Elle aurait eu jusqu'à 500000 habitants. La ville se convertit assez rapidement à l'église chrétienne et fut encore une capitale importante de la région jusqu'au 6ème siècle. 

Mais, ensuite, les invasions, les tremblements de terre successifs effacèrent la ville, qui ne fut redécouverte que dans les années 1920 par les archéologues. Ce qui est le plus remarquable sur ce site est le cardo maximus (la rue  principale), qui fait 1,8 kilomètre, et dont une bonne partie se trouve couvert de part et d'autre par un alignement de colonnes. Elles ont été savamment et méticuleusement remontées par les archéologues. Elles sont en général d'une jolie forme torsadée, avec de riches chapiteaux. D'autres vestiges subsistent également ; un théâtre, le plus grand de Syrie, mais fort détruit, des maisons patriciennes avec des mosaïques, les restes de la cathédrale, témoignage de la conversion de la ville au début de l'ère chrétienne. Ce site, que nous avons découvert sous le soleil couchant, dans un paysage aride, fut une joie intense.

Nous reprenons la route, un peu fatigués par cette longue journée. Il nous reste encore quelques kilomètres à faire avant d'atteindre la ville de Hama, notre étape pour deux nuits. Nous arrivons enfin et nous installons dans un hôtel confortable, genre deux étoiles. C'est une bonne surprise, car jusqu'à maintenant, nous n'avons pas vécu dans le luxe. Petit tour près de l'hôtel et restaurant, puis, au lit ; nous sommes crevés ! La visite de la ville est pour demain.

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