Iran : Ispahan, retour à Téhéran

 

Dimanche 15 avril 2001 : Ispahan

Lever 7h30 et rendez vous à 8h30 avec Medhi, après le petit déjeuner pour une excursion à l’extérieur d’Ispahan. Nous quittons le centre et nous dirigeons vers le quartier de Djolfâ, pour tenter une nouvelle visite de la cathédrale arménienne ; manque de chance, elle est encore fermée aujourd’hui, pourtant c’est dimanche. Je commence à me demander si je pourrais la visiter. 

Nous poursuivons vers les faubourgs ouest, pour y voir les minarets tremblants, qui appartiennent à une petite mosquée mongole du 14ème siècle. Rien d’extraordinaire sauf que, lorsqu’un homme se glisse dans un des petits minarets et le secoue, le mouvement se répercute sur l’autre minaret distant d’une dizaine de mètres. Évidemment, c’est une attraction qui plait, donc les touristes présents font la queue pour aller secouer le minaret… Bien peu y arrivent d’ailleurs, il faut tout de même une certaine force et le coup de main. Non, je n’ai pas essayé ! Quelques kilomètres plus loin, on atteint une petite colline, qui est un hôtel du feu zoroastrien. Je décide donc de la grimper (assez pentue et le chemin n’est pas exceptionnel), mais on a une belle vue sur la ville et la plaine d’Ispahan.

Le pont Khâdju

Retour vers Ispahan, où Medhi me mène aux différents ponts de la ville, qui sont pour les habitants d’Ispahan un lieu de promenade et de repos. La rivière est donc à sec, ce qui fait tout de même perdre une partie de leur beauté et de leur intérêt. J’ai déjà visité l’avant veille au soir le pont aux trente trois arches, qui relie Ispahan au quartier de Djolfâ. Le pont Khâdju est encore plus typique, c’est le plus réputé d’Ispahan. C’est un pont à vannes, qui étaient utilisées lorsqu’il y avait des problèmes d’approvisionnement en eau, pour créer des retenues artificielles.

Il y a également des arches et une maison du thé y est installée. Nous en profitons pour y fumer le narghilé et nous promener sur les rives. Un autre pont également intéressant, c’est le pont de Djubi, toujours à arches.

Notre petite balade terminée, nous rentrons à l’hôtel. Après une pizza dans le « fast food » du coin, je prends un peu de repos à l’hôtel, puis repars en balade, cette fois-ci pour visiter un petit palais que je n’avais pas vu la veille, le palais Hasht Behest, qui se trouve dans un beau jardin public. Ensuite, je ne suis pas très chanceux, car je trouve souvent les portes closes : toujours sur l’avenue Chahâr Bâgh, je souhaite voir la madresseh de la mère du roi, qui est une école théologique. Comme je m’en doutais, on ne peut y rentrer.

Le palais Hasht Behest

Ensuite, je tente une visite dans un nouveau musée historique signalé par le Lonely, à côté du Chehel Sotum. Toujours fermé… je fais une petite visite de l’hôtel Abbâssi, dans le coin, le palace d’Ispahan. Bon, certes, cela fait riche, mais je ne trouve pas cela renversant.

Le reste de mon après-midi va donc être consacré à mes achats souvenir, autour de la place royale et dans le bazar. Je vais favoriser l’achat auprès de l’artisan qui fabrique, c’est mieux de discuter directement avec lui, et puis je trouve que c’est plus sympa d’acheter un objet dont on connaît le créateur. On les trouve plutôt dans la seconde rangée de boutiques de la place royale, pas celles qui donnent directement sur la place, beaucoup plus voyantes, avec des marchands uniquement, et sans doute plus chères. On trouve bien sûr des tapis ; trop cher pour moi (et pas assez connaisseur pour ne pas me faire rouler), de la marqueterie (boîtes de multiples formes), des étameurs de plateaux, de coffrets en cuivre, des peintres de miniatures, des calligraphies… Tout ceci est à un prix raisonnable pour nous, il faut bien évidemment marchander. Évidemment, le travail de qualité se paie très cher ; pour des petites babioles souvenir, il ne faut pas s’attendre à une qualité extraordinaire.

Tout ce shopping me prend bien deux heures. Mon petit sac à dos plein de petites choses, et comme il n’est pas encore tard, je vais terminer mon après midi à la mosquée de l’Imam, pour la seconde fois. J’y resterai encore une bonne heure, jusqu’au coucher du soleil.

Coup de fil en France depuis l’hôtel (très onéreux), Restaurant identique à la veille, j’y mange encore très bien, puis je repars (encore une fois…je commence à bien connaître !) vers la place royale et la maison du thé, où nous nous étions donnés rendez vous, avec les trois garçons de la veille. Malheureusement, un seul a pu se déplacer. Mais c’est celui qui maîtrisait le mieux le Français ; je passe donc une bonne partie de la soirée à faire un cours de vocabulaire, et suis assez surpris par la rapidité de son acquisition. Avant de la quitter, un dernier regard nostalgique sur la magnifique place éclairée, et retour définitif à l’hôtel.

 

Lundi 16 avril 2001 : Kashan, Qôm et retour sur Téhéran.

Lever 7h00 et rendez vous à 8h00 avec Medhi, pour cette dernière journée en Iran : Les bagages sont faits et rangés dans le coffre et nous quittons le centre pour une dernière tentative vers le quartier de Djoflâ. 

La cathédrale Saint Sauveur

Enfin, la cathédrale Saint Sauveur est ouverte et je peux donc la visiter. Elle date du milieu du 17ème siècle et, il faut bien l’avouer, n’a rien de notable, sauf que son intérieur est recouvert de grandes fresques un peu grand guignolesques, de supplices et autres martyres. Visitant avec moi, un groupe de petites vieilles dames japonaises, toutes aussi petites et chétives les une que les autres, déjà bien âgées, et adorables.

Le musée qui se trouve dans un bâtiment tout proche montre une collection un peu hétéroclite d’objets arméniens de diverses époques ; c’est la petite partie rétrospective sur le génocide par les Turcs qui m’intéresse le plus. Le premier du 20ème siècle, avec toute son horreur. Je ne comprends pas la Turquie, qui continue à nier son rôle dans ce génocide, malgré l’évidence historique. J’aime vraiment la Turquie et le peuple turc, et je souhaite qu’un jour, ils puissent accéder à l’espace européen, mais pas tant qu’ils n’auront pas fait ce travail de reconnaissance, qui sera la preuve de leur engagement vers plus de démocratie. A Paris, en 2001, une magnifique pièce de théâtre, que j’ai vu lors de sa sortie, au théâtre de l’œuvre, quelques semaines avant mon voyage en Iran ; « une bête sur la lune », parlant justement de ces terribles évènements. La pièce a d’ailleurs été encensée par la cérémonie des Molière, à juste titre.

Nous quittons définitivement Ispahan. Pour notre retour vers Téhéran, nous emprunterons plutôt des petites routes, ce qui va nous permettre de voir de magnifiques paysages de montagnes et de villages. 

Petit village près de Natanz

L'eivan de la mosquée de Natanz

Premier stop dans un petit village, près d’un lac, dont je n’ai malheureusement pas retenu le nom, puis à Natanz, avec sa mosquée du vendredi et son eivan couvert de très belles faïences à dominante bleue. 

Belle demeure à Kashan

La route, moins pittoresque, nous mène ensuite à Kashan, grande bourgade où se trouve le tombeau de Shâh Abbâs 1er. Visite rapide de la mosquée, qui me semble un peu fade, après tout ce que j’ai vu. Puis, par contre, très intéressant, visite d’une grande maison privée ancienne, bien restaurée, avec cour et fontaines, et tours du vent. Il semble qu’il y ait plusieurs maisons privées de ce type à Kashan. Je ne sais pas exactement à qui elles appartenaient, mais au vu de la taille des maisons, il devait s’agir de très riches personnes. Nous déjeunons dans une gargote au centre de Kashan.
Nous rejoignons l’autoroute de Téhéran. Je sens bien venir maintenant la fin du voyage. Nous passons par Qôm, qui est une ville très sainte en Iran. Ce n’est vraiment pas une étape agréable. La ville est affreuse, il y fait très chaud, il y a beaucoup de circulation. A voir : le mausolée de Fatima .Il faut être musulman pour y rentrer. On m’en interdit l’accès (très poliment). Je ne vois donc que du portail.

Le mausolée de Fatima

Je sais qu’en insistant, avec l’aide de Medhi, il serait possible d’y rentrer, mais je n’en ai pas vraiment envie. C’est un lieu de culte, pas un monument historique. C’est donc sans regret que je quitte Qôm. Dernière étape avant Téhéran, le mausolée de Khomeyni. Avec sa coupole et ses quatre minarets, il veut rivaliser avec les mosquées d’Ispahan ! C’est bien sûr un bâtiment neuf, toujours en construction. De grands parkings tout autour. Lors des grands anniversaires, il doit y avoir ici des centaines de milliers de personnes. 

Le mausolée de Khomeyni 

Je visite tout de même l’endroit, pour voir : le mausolée ressemble en fait à une sorte de grand hall métallique, genre palais des congrès. Le tombeau se trouve au milieu, avec celui de son fils (J’ignorais totalement que Khomeyni avait été marié et avait eu des enfants…). L’ambiance est assez bon enfant, les gens discutent, les enfants jouent. Séparation, bien sûr, des hommes et des femmes.
Il nous reste maintenant à commencer notre approche de Téhéran, la circulation se faisant plus dense. Nous passons d’ailleurs sur cette autoroute près du nouvel aéroport, qui desservira dans un an ou deux Téhéran.  Le temps est au beau fixe et très clair, et c’est donc avec une luminosité bien différente que je redécouvre Téhéran. Avec la grande chaîne de montagne qui la domine, et au nord est, la stature majestueuse du mont Damavand (5671 m), toute blanche de neige. 

Arrivée sur Téhéran

Medhi lui-même, est étonné par la pureté de l’air sur Téhéran ; c’est assez inhabituel. Les périphériques et les autoroutes urbaines commencent à se croiser. Quelques bouchons se profilent, j’entrevois de grandes banlieues dortoirs, Sarcelles en devenir. Medhi m’a invité chez lui, cela sera bien plus simple que l’hôtel au centre, pour un lever à 5h00 du matin, et bien plus sympa. Fin d’après midi et soirée privée donc, avec tout de même le plaisir d’une détente dans un très bel hammam moderne, avec piscine, sauna, bain de vapeur, restaurant.

 

Mardi 17 avril 2001 : départ pour Paris.

Lever à 5h00, toujours difficile. Un thé pour se réveiller, nous mettons mes affaires dans le coffre et départ pour l’aéroport. La maison de Medhi est très proche de l’aéroport, et il nous faut que quelques minutes pour s’y rendre. Medhi m’accompagne jusqu’au contrôle de police, nous nous disons au revoir. Enregistrement rapide ; je retrouve dans la file d’attente un petit groupe, voyageant avec la même agence que moi, et ayant fait à peu près le même parcours ; je les retrouvais de-ci de-là, sur mon périple. Quelques mésaventures pour leur part : au départ, un chauffeur qui semblait manquer de sérieux, des guides qu’ils ne trouvaient jamais, et pour couronner le voyage, trois d’entre eux qui ont perdu leur billet d’avion, et qui se font donc une prolongation obligée d'une semaine à Téhéran. Embarquement à 8h00. Voyage sans souci jusqu’à Paris, à bord d’un 747 au ¾ plein, pour une arrivée à 11h00 locale.

Voici donc le récit  assez détaillé de mon (trop court) séjour en Iran. Merci à Medhi, qui en plus de son professionnalisme, a été un compagnon de voyage idéal et extrêmement amical. 

Je vous propose un lien vers un autre carnet de voyage, très bien réalisé, et édité par un Lorrain, comme moi, qui a été d'un grand intérêt pour la préparation de mon voyage :
http://perso.club-internet.fr/chumbert

Que de lacunes, que je souhaite pouvoir combler un jour : les bords de la mer Caspienne, la partie iranienne de l’Azerbaïdjan, la partie ouest du pays, Mashhad. Si la situation évolue toujours en ce sens en Iran, je pense vraiment y retourner en famille. C’est un pays à découvrir d’urgence, tant pour l’intérêt et la beauté de ses sites, que pour l’accueil du peuple iranien. La libéralisation n’est pas gagnée, c’est un pays qui peut se refermer sur lui aussi vite qu’il s’est ouvert. Je pense alors que les conséquences seraient très graves pour les iraniens. En ce mois de juin 2001, Khatami a de nouveau été élu président de la république islamique, mais il n'a toujours pas vraiment le pouvoir, qui reste aux mains des religieux, conservateurs. Le peuple iranien avait mis beaucoup d'espoirs dans son premier mandat et malheureusement, il n'a pas pu tenir ses promesses. Y-arrivera-t-il durant son second mandat ? Amènera-t-il l'Iran vers plus de démocratie, plus de liberté ? N'oublions pas que, même si ce n'est pas le seul (...), c'est un pays où la peine de mort est très pratiquée, où la presse est bâillonnée, où la liberté de pensée n'est pas de mise.

Rendez-vous donc d'ici quelques mois, quelques années... Mais entre temps, partez à la rencontre du pays et du peuple iranien, vous n'en serez pas déçu !

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