Pologne

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Lundi 20 mai 2002: Visite de Torun et Chelmno.

Lever très matinal (5h30), j'ai un train à 6h20 pour Torun, à environ 200 km au sud de Gdansk. Le temps continue à être toujours favorable. Presque deux heures et demi de train pour atteindre cette ville, j'en profite pour terminer ma nuit. J'avais initialement l'intention de faire un stop sur la route de Torun à Malbrok, le château fort des chevaliers teutoniques, le plus important de Pologne, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, mais mes guides m'indiquent qu'il est fermé le lundi. Le parcours est donc déjà suffisamment compliqué pour que je décide de sauter cette étape. J'arrive à Torun après 9h00. La gare est assez éloignée du centre et je prends donc un bus urbain pour m'y rendre. Torun est une ville qui présente un intérêt architectural indéniable, avec ses nombreux monuments du moyen-âge. C'est également la ville natale de Nicolas Copernic. Elle est, elle aussi, située sur la Vistule, comme Cracovie et Varsovie. Ma première préoccupation est de me trouver un gîte et je tombe rapidement sur un hôtel indiqué par le routard. Celui-ci est en pleine rénovation et on me propose une chambre très élégante et toute neuve, dans des couleurs vert amande du meilleur goût. Bien sûr, la rénovation entraîne une forte augmentation des prix (35 €), mais je me permets cet excès vu le prix de la chambre en auberge de jeunesse à Gdansk. 

Me doutant tout de même que les ressources historiques de la ville ne m'occuperait pas toute la journée, j'ai décidé d'aller à Chelmno, petite ville également moyenâgeuse, à une quarantaine de kilomètres de Torun. Je prends donc un bus à la gare routière et j'atteins Chelmno en presque une heure trente. 

Voyage intéressant, me faisant vraiment découvrir la Pologne profonde, puisqu'en fait le bus fait de multiples détours par des petits villages de campagne. La contrepartie est bien évidemment la moyenne qui n'est pas exceptionnelle. Chelmno est une petite ville endormie dans ses remparts, avec une hôtel de ville de style renaissance et une cathédrale massive en brique rouge, comme tant de bâtiments religieux en Pologne. Dans la ville, on trouve également de nombreuses autres petites églises, construites dans le même style. Ce bourg d'une dizaine de milliers d'habitant se révèle une petite étape agréable, avec sa grande place et ses jardins publics le log des remparts. Si l'on est très pressé, ce n'est pas une étape indispensable. Quelques difficultés pour trouver à se restaurer ; je dégote une sorte de petit snack, qui me sert une viande panée accompagnée de crudités, comme à l'habitude. 

L'hôtel de ville de Chelmno

Je reprends un bus vers 14h00, avec d'autres détour par d'autres villages... pour atteindre finalement Torun peu après 15h00. La ville est alors pour moi. Les deux monuments principaux sont l'hôtel de ville, sur la place principale, de style gothique, mais remanié, et l'église Saint Jean, du 13ème siècle, encore une fois en brique rouge, et massive. Sur les bords de la Vistule, se trouve également les ruines du château teuton, détruit au 15ème siècle lors d'une révolte des habitants de la ville. Autour de la place principale et réparties dans la ville, de nombreuses jolies maisons de différents style : Moyen-Âge, renaissance... 

L'hôtel de ville de Torun

Cette cité a beaucoup de cachet et est plaisante à visiter, avec sa forte activité commerciale. Elle semble également assez riche, avec des boutiques relativement luxueuses et de nombreux bars et restaurants. En fin d'après-midi, je longe la Vistule et la traverse pour me faire une idée de la cité dans son ensemble depuis l'autre rive. Belle image au soleil de fin d'après midi avec les clochers et les maisons à pignon qui bordent le fleuve.

Retour à mon hôtel pour un peu de repos (j'ai pas mal voyagé aujourd'hui), puis petit restaurant en ville, cyber-café pour donner quelques nouvelles écrites à ma petite famille et enfin café sur la place de l'hôtel de ville, où sont aménagées quelques terrasses. Retour à mon hôtel et soirée zapping télévision, puisque ma chambre en est équipée, pour me faire une idée des média polonais. 

Les cathédrales de Chelmno et de Torun,
l'utilisation de la brique dans les édifices religieux

Mardi 21 mai 2002: Retour à Varsovie.

Lever vers 7h30. Le voyage tire à sa fin, puisque aujourd'hui, je rentre à Varsovie. Je sors de l'hôtel pour déjeuner mais ne trouve pas de bar ouvert : La Pologne, ce n'est pas le pays des petits déj... Je me rabats donc sur une boulangerie et rentre déjeuner à ma chambre. Le sac fait, je quitte mon hôtel et prends le bus urbain pour la gare : je suis très en avance, il me reste presque une heure d'attente avant l'arrivée de mon train, prévu à 10h00. J'en profite pour bronzer en bouquinant sur un banc du quai, puisqu'il fait déjà très beau et très chaud. C'est à petite vitesse - même pas 100 km/h - que je file sur Varsovie, et il s'agit pourtant d'un express... J'arrive à bon port à 13h00. Première étape, habituelle : trouver un lit. Je dépose mon sac en consigne, ne souhaitant pas me retaper une demi-heure de marche en plein soleil avec mon sac. A l'agence, on me propose cette fois ci une chambre à 200 ou 300 mètres de là. J'y fonce immédiatement : cette fois ci, j'ai droit à un très bel immeuble bourgeois, avec des grosses colonnes en façade. Un portier garde l'entrée. Je suis logé chez une dame d'un certain âge, très sympathique, dans un très bel appartement. Ma chambre, vaste, a un petit balcon qui donne sur la cour principale. Je constate donc qu'il y a des différences notables dans la qualité des chambres chez l'habitant. Seule contrainte, être rentrer avant 22 heures, à cause du portier qu'il faut alors déranger chez lui, ce qui semble fortement angoisser mon hôte. Je la rassure, je n'ai pas l'habitude de veiller très tard en voyage. 

Je repars donc ensuite vers le centre, m'arrêtant pour déjeuner à la sandwicherie du premier jour : j'ai un côté très casanier ! d'un autre côté, quand une adresse satisfait, il n'y a pas raison d'en changer. Ma première étape sera le musée de la peinture européenne. Drôle d'expérience : en effet, la collection de ce musée est une donation d'une riche famille polonaise, visiblement très entichée du pape Jean-Paul II. De nombreux portraits du personnage décorent les murs au milieu de la collection. Et cette collection prête d'ailleurs à commentaire : la liste des peintres représentés est assez impressionnante : on y trouve les plus grands représentants de la peinture classique européenne. Une collection - à priori - digne des plus grands musées européens : et pourtant, un doute subsiste sur son authenticité. Un débat polémique est fortement engagé en Pologne sur cette collection. Effectivement, la visite avançant, je me rends vite compte que les toiles, nonobstant le fait qu'elles sont des oeuvres mineures de par leur sujet, présentent une qualité picturale assez terne, avec un voile identique, vernissé et sans relief, qui les recouvrent toutes. Ceci est étonnant, d'autant plus que certaines d'entre elles ont plus de trois siècles d'âge de différence. Je passe en plus sur la muséographie absolument catastrophique ; salles mal éclairées, aucun parcours défini. Bref, c'est sans joie que je sort de ce musée, au programme pourtant si alléchant. Je serai curieux tout de même de connaître les conclusions sur l'authenticité de cette conclusion, pour savoir si j'ai été réellement trompé. Il est sûr qu'on ne se bouscule pas dans ce musée.

Le château de Varsovie

Je pars ensuite vers la vieille ville et arrive au château : il m'avait semblé lire qu'il été fermé en cette saison, en fait, excellente surprise, il est ouvert aux visites. Comme le reste de la vieille ville, le château de Varsovie a été complètement détruit pendant la guerre et reconstruit dans les années 70-80, grâce à la volonté et au financement partiel des habitants de Varsovie. Et le travail est impressionnant, puisque de nombreuses et magnifiques salles ont été reconstituées, dignes des fastes d'un petit Versailles. Le bâtiment se partage en deux étages principaux qu'un parcours de visite permet de découvrir, les pièces les plus majestueuses se trouvant à l'étage. De nombreuses peintures et mobiliers, qui avaient été sauvegardés, ont été remis en place. Une partie du château est également occupée par des expositions temporaires ; celle du moment, sur les liens entre la Suède et la Pologne, ne me motive guère, je passe donc mon chemin. Passage ensuite par la place de la vieille ville où je m'installe à une terrasse avec un café pour un bon moment, profitant de la foule et du soleil. La fin d'après midi s'annonce ; je passe devant le grand théâtre, à l'affût d'une représentation quelconque pour la soirée (bien que j'ai ma contrainte de 22h00), mais rien de convaincant à l'affiche. 

Je repars donc vers le centre, ma dernière grande visite pour la journée étant la grimpette au sommet du palais de la découverte ; ça, c'est mon truc dans les capitales que je visite ! embrasser toute la ville du regard pour essayer d'un peu mieux la comprendre. Ascenseur payant (et assez cher) pour monter au sommet, avec boutique et café : très "économie de marché" dans ce qui fut le symbole du socialisme. Le bâtiment est un clone des gratte-ciel (n'exagérons rien tout de même sur la hauteur...) de Moscou, particulièrement l'université, que nous avons visité avec Sibylle il y a 4 ans : sorte d'architecture prétentieuse, très début de siècle (au sens américain), alors que le bâtiment est postérieur à la seconde guerre mondiale. Les habitants de Varsovie ne l'aime pas beaucoup et j'ai même lu qu'on souhaitait le détruire il y a quelques années. D'en haut, large vue circulaire sur toute la ville, qui présente certaines caractéristiques particulières : beaucoup de cités HLM, même au centre, des alignements sans âme de cubes et de boîtes à savon, genre ville du Havre (je n'ai rien contre le Havre...), caractéristique de l'air soviétique. De nombreux espaces verts. Et enfin, un boom immobilier avec la construction de nouvelles tours tout à fait modernes, correspondant bien cette fois ci à la rupture du régime. Je reste un bon moment sur mon nid d'aigle, observant la ville en détail, et particulièrement le déroulage d'une gigantesque banderole publicitaire sur la façade d'un immeuble de 20 étages, vantant les mérites d'un soda bien connu, avec les visages de jeunes supporters enthousiastes pour la coupe du monde 2002..."the world is a small village...". Je passe par la gare, toute proche, récupérer quelques affaires pour la nuit, laissant mon sac en consigne puis trouve un petit restaurant indiqué par le Routard. Dernier tour du quartier central, avec un peu de shopping dans la galerie centrale, où tout est aussi cher que les Galeries Lafayette. Dommage d'ailleurs, car les collections de vêtements exposées sont très chouettes, je traîne bien sûr particulièrement dans le rayon homme. De tout mon voyage, j'ai observé que les Polonais (argentés)  se vêtissaient avec beaucoup d'élégance. Retour enfin vers mon bel immeuble, où mon hôtesse m'attend et me sert gentiment un thé que je prends sur le balcon, profitant de la douceur de cette dernière soirée polonaise.

Mercredi 22 mai 2002: Dernière matinée à Varsovie et retour à Paris

Lever à 7h30. On m'apporte de nouveau le thé à 8h00. Je discute un peu avec mon hôtesse avant de prendre congé d'elle. Je vais consacrer ma matinée à la visite du parc de Lazienki, dans la partie sud de la ville. L'immeuble où j'ai passé la nuit n'en est d'ailleurs pas très éloigné. Il s'agit en fait du quartier chic de Varsovie, où sont installées les ambassades. Je passe devant l'ambassade de France, qui est un horrible bâtiment d'architecture pseudo-contemporaine, genre empilement de boîtes de conserve (en pleine rénovation à cette date). j'atteins enfin le parc, par le château Ujazdow, bel édifice du 17ème siècle, qui abrite le musée d'art contemporain. Il est fermé à cette heure, j'y reviendrai ultérieurement. Je m'engage dans le parc, qui se révèle un magnifique lieu de promenade, très bien entretenu, avec de nombreuses espèces végétales et des massifs de fleurs. Certaines parties sont très structurées, dans le style des jardins à la française, et d'autres sont beaucoup plus à l'anglaise. Dans le parc, sont dispersés de nombreux bâtiments dont le plus notable est le palais sur l'eau, sorte de petit Chenonceau, de toute beauté, qui se reflète dans un étang charmant. D'autres résidences et petits palais, un amphithéâtre, une orangerie que l'on atteint par les nombreuses allées qui sillonnent l'ensemble du parc. De nombreux paons s'ébattent en liberté, les males faisant majestueusement la cour et la roue. Avec le ciel d'un bleu limpide, la balade se révèle être un très grand plaisir. Après une balade d'une bonne heure, n'ayant rien pris le matin, hormis mon thé, je décide de prendre un petit déjeuner à la terrasse d'un salon de thé installé dans le parc. Je pars ensuite de nouveau vers le château Ujazdow pour visiter le musée d'art contemporain. La collection se révèle fort intéressante, éclectique et de qualité (principalement des artistes polonais), avec, en particulier, une exposition temporaire d'un artiste (dont je n'ai pas retenu le nom), qui crée des oeuvres basées sur la lumière électrique (néons, fibre , ampoules...).

Midi approche et l'heure du départ aussi. Je repars à pied vers le centre, vais déjeuner pour la troisième fois dans ma petite cafétéria végétarienne. Puis je rejoins la gare pour récupérer mon sac. En face de la gare, l'hôtel Marriott, mon point d'arrivée et de départ de Varsovie. La navette pour l'aéroport est là. Rapidement, nous atteignons l'aéroport. je suis un peu en avance, il est 13h00 et mon avion est à 15h30. Enregistrement rapide, je traîne un peu dans le duty free. Embarquement et départ à l'heure et j'atteins Paris deux heures plus tard, où je vais retrouver toute ma petite famille.

Fin de mon voyage en Pologne : j'ai tout de même pu me faire une petite idée de ce grand pays en visitant les villes principales. Il m'était impossible dans ce délai de voir Pozna'n et Wroclaw, deux autres grandes villes intéressantes, et bien entendu de découvrir plus largement les campagnes polonaises, et particulièrement les nombreux parcs naturels réputés, bien que ceci ne soit pas, je l'avoue, mon point d'intérêt principal en voyage (je suis plutôt un urbain !). J'ai vraiment eu beaucoup de chance avec la météo, qui a été très favorable sur presque tout mon périple, c'est évidemment toujours plus triste de voyager avec un ciel gris. En conclusion, une destination à ne pas négliger, qui procure beaucoup de surprises et que j'encourage très sincèrement à découvrir.

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