Espagne
Andalousie (partie est)

 

Période : du 7 février au 24 février 2001.

Organisation : vol sec + location de voiture.

Parcours : Malaga, Cordoue, Ubeda, Baeza, Jaen, Grenade, Almeria, Malaga.

Transport : vol Corsair pour Paris - Malaga - Paris.

Pour ce deuxième voyage en Andalousie, nous avons choisi le mois de février. Un peu par obligation, car ce sont les vacances scolaires d'Armance et que Sibylle ne peut pas faire un voyage trop fatiguant, puisque la famille va s'agrandir dans quelques mois. Ce ne fut pas un mauvais choix, puisque nous avons eu un très beau temps pendant presque tout notre séjour, et que, évidemment, même s'il y a déjà des touristes, ils sont sans doute beaucoup moins nombreux que pendant les mois d'été, ce qui permet de visiter plus sereinement et de trouver des hôtels facilement.

Arrivée à Malaga, Torremolinos.

Samedi 7 février 2001 : Départ à 12h00 pour Orly. C'est un vol charter pour Malaga, acheté chez Nouvelles Frontières, donc dans un avion Corsair. J'avais préféré réserver des début janvier pour ce vol, et ne pas attendre un hypothétique vol soldé sur internet, comme nous l'avions fait il y a deux ans : ce sont les vacances scolaires. A titre de test, j'ai cherché un vol quelques jours avant de partir et je n'ai rien trouvé : mon plan était donc judicieux. Évidemment, le vol est cette fois-ci plus cher ; environ 200 € par adulte et 30 % moins cher pour l'enfant. Cela reste raisonnable tout de même puisque les taxes sont comprises. Le taxi nous dépose à Orly sud, et, après renseignement, je constate que le vol part de Paris ouest... C'est bien la première fois que cela m'arrive, je suis tellement habitué à Orly sud. Un coup de navette pour rejoindre l'autre aéroport et nous attendons une bonne demi-heure le début de l'enregistrement ; c'est une constante chez nous, ne jamais être en retard pour un enregistrement ! généralement, on est les premiers... Je me dis, depuis le temps, que rien ne sert de s'y prendre toujours trop à l'avance, puisque nous avons nos billets mais c'est plus fort que nous. Enregistrement rapide, attente dans une brasserie autour d'un sandwich préemballé (pas terrible, la logistique d'accueil de Orly ouest). Nous décollons avec seulement une demi-heure de retard, à 15h30, ce qui est un exploit avec Corsair. Personnel sympa et sandwich un peu moins minimaliste que d'habitude pour un vol de deux heures.

Nous arrivons à 17h30 à Malaga. Il fait doux et le soleil brille encore. Récupération des bagages rapide, et nous partons vers les stands de location de voitures, situés en sous-sol. J'avais réservé via internet (puis téléphone) chez Hertz, ce que j'ai trouvé de moins cher : 180 € pour une Ford Focus, une voiture donc assez confortable. Évidemment, à la signature du contrat, on m'explique que la voiture n'est pas assurée contre le vol ; on m'a dit le contraire en France... Ces loueurs sont tous des escrocs (voir mon petit laïus sur les locations de voiture à l'étranger). Je résiste aux sirènes alarmistes qui sont uniquement là que pour me faire payer une somme supplémentaire à la location : ma carte de crédit couvre le vol des voitures de location ; sans doute plus compliqué à gérer en cas de pépin que l'assurance du loueur, mais c'est fait pour cela, donc je refuse fermement, et un peu énervé. Nous prenons possession du véhicule : elle est neuve (100 km au compteur) et c'est une diesel (donc économique). Il y a la clim, mais pas très utile en cette saison.

Comme il est presque 19h00, il n'est pas question d'aller bien loin ce soir, et surtout de prendre la route de Cordoue, notre première grande étape. Pas question non plus d'aller dans la ville de Malaga, je garde un mauvais souvenir de sa circulation lors de notre premier séjour. Nous sommes près de Torremolinos, à 5 km, cela sera convenable pour y passer la nuit. Torremolinos, c'est le cliché de la Costa del Sol, comme quelques autres stations autour de Marbella. Urbanisée dans les années 60, c'est la concentration touristique et balnéaire qui a fait les beaux jours de cette région, et qui continue sans doute à les faire. En ce mois de février, l'activité est tout de même beaucoup plus calme qu'en été. Un peu au hasard, nous finissons par trouver, à quelques dizaines de mètres de la mer, dans une rue touristique, un hôtel mentionné sur notre guide 'Lonely Planet'. Une maison blanche de deux étages, plus sympathique que les cubes qui bordent la mer. Ce n'est pas le grand confort et d'un goût raffiné mais c'est propre. Par contre, il ne fait pas très chaud. Comme toujours, problème de stationnement, la rue est plus ou moins piétonne. Je vais stationner au bord de la plage, souhaitant ne pas me faire piquer ma belle voiture toute neuve la première nuit ! 

La nuit est tombée, nous remontons donc vers le centre du village, la plage et notre hôtel se trouvant en contrebas d'une sorte de petite falaise. Magasins de souvenir, boutiques de fringues, fast food, rien de folichon ; de l'amuse touriste, quoi. Je retire de l'argent dans un distributeur et nous recherchons un restaurant. Rien de bien excitant, nous choisissons finalement un bar à tapas, un peu sinistre à première vue (peinture bleue délavée) mais qui à l'avantage d'être animé et occupé par des Espagnol. Juste des tables basses. Nous nous installons et commandons un petit combiné de tapas et un plat de poisson grillé, ce qui est agréable à picorer. Immédiatement, nous nous rappelons que la nourriture, ici, est grasse. Tout trempe dans l'huile d'olive...  Après le repas, nous redescendons vers la plage, pour approcher, pour le fun et pour Armance, la mer. Il est 21h00 un peu passé, et ce n'est pas foule sur la promenade, évidemment. Nous allons boire un café (toujours excellent, le café, en Andalousie; un plaisir...) dans le bar d'un grand hôtel, afin de discuter un peu de notre parcours du lendemain. 22h30, extinction des feux et enfouissement sous les couvertures : sans chauffage, c'est tout de même un peu juste.

De Torremolinos à Cordoue

Dimanche 18 février 2001 : Réveil vers 7h30. Nous allons déjeuner dans un petit snack au pied de l'hôtel ; quelques toasts avec beurre et confiture et un grand café. Je suis un peu nerveux ; j'ai décidé, pour la énième fois, d'arrêter de fumer. Comme d'habitude, je fume ma dernière cigarette à l'embarquement d'un vol. Celle du matin, après le café, est toujours excellente... Nous payons la chambre (environ 35 €)et rangeons nos sacs dans la voiture. Petite promenade sur la plage avant de partir ; il fait très beau, juste un peu frais, la luminosité est belle et Torremolinos, de jour, ne nous semble pas si horrible que cela. De là à y rester... 

Nous voici donc parti sur la route de Cordoue. Nous contournons Malaga et ses banlieues étendues et prenons l'autoroute vers le nord. Quarante kilomètres au nord, nous passons à l'est de la ville d'Antequera, que nous avions visité en 1999 ; belle ville blanche avec un décor de majestueuses montagnes qui la dominent. Nous quittons l'autoroute pour la nationale et atteignons Lucena, ville industrielle, à mi-chemin entre Malaga et Cordoue.

Nous optons pour une halte dans l'agréable ville de Cabra. Après avoir stationné la voiture, nous faisons un petit tour de ville à pied, dans le vieux quartier ; barrio del cerro, avec ses vieilles maisons et ses églises. Nous stoppons sur la place centrale, pour prendre un café en terrasse. L'activité est faible en ce dimanche matin et beaucoup d'habitants sont à l'église. 

La petite ville de Cabra

Nous terminons la visite par l'église de l'asuncion, ancienne mosquée, qui domine en haut de sa butte la bourgade. Nous reprenons la route pour Baena, empruntant une petite route blanche et touristique, qui tournicote au milieu des oliviers. Baena est une ville réputée pour l'huile d'olive qu'on y produit, une des meilleures d'Espagne. Il faut dire que toute cette région de l'Andalousie est couverte à perte de vue d'oliviers. Il s'agit de très grandes plantations, avec une exploitation sans doute industrielle.

Le village d'Espejo

Plus loin, nous stoppons à Espejo, autre village blanc, sur un piton, couronné d'un château maure. Nous nous engageons en voiture dans les petites ruelles, exercice toujours difficile, et que je répugne, car je hais, lorsque je suis piéton, être dérangé par des véhicules. Mais, souhaitant monter au sommet du village, nous n'avons pas trop le choix. Ce petit village est très agréable avec ses petites venelles blanches et pavées. 

Depuis le château (fermé), une belle vue sur toute la campagne environnante, vallonnée et couverte d'oliviers. Nous aurions bien aimé déjeuner ici, dans ce petit village calme et typique, mais nous ne trouvons rien d'ouvert (c'est dimanche). Nous quittons donc Espejo, notre dernière étape avant Cordoue.

Nous atteignons Cordoue en début d'après midi. Pas vraiment de banlieues étendues, la ville se présente d'un bloc à nous, elle émerge des vergers. Tout de suite, notre regard se porte sur la cathédrale, la Mezquita, qui domine la ville. Bien sûr, comme à l'accoutumée, l'entrée en voiture dans la ville va être un calvaire. Pour agrémenter l'exercice, nous sommes pris dans une course de vélo (le tour d'Andalousie !), qui passe juste là à Cordoue. Évidemment, nous avançons à toute petite vitesse, nous heurtons aux sens interdits, retournons sur nos pas... Enfin, nous posons la voiture pour chercher un hôtel à pied, assez proche de la Mezquita : cela sera l'hostal Maestre, pension propre et accueillante, où nous aurons une triple pour 30 € environ. Et la possibilité de stationner la voiture juste en face de la porte. Nous posons nos sacs, et partons déjeuner, car la faim nous taraude un peu ; l'après midi est déjà bien entamée. Ce n'est jamais un problème en Espagne, où l'on peut déjeuner tardivement. nous trouvons une petite placette animée, proche de l'hôtel, avec de nombreuses tables de restaurant, ce qui fera bien l'affaire. Nous partons ensuite pour le centre, et surtout la Mezquita, dont nous visitons les jardins. La visite plus complète sera pour le lendemain. Le jardin est rempli d'orangers, magnifiquement chargés en cette saison. Nous partons ensuite nous perdre dans les dédales des petites rues de la vieille ville, qui font le charme de cette ville. 

Le Guadalquivir, le pont romain et la Mezquita

Cordoue est une ville deux fois millénaire, qui connu un développement très important dès les premiers siècles de notre ère. Au 8ème siècle, elle fut prise par les musulmans et connu sa période la plus brillante, jusqu'au 11ème siècle, avec la dynastie omeyyade. Puis, après la reprise de la ville par les chrétiens, elle déclina petit à petit, au profit de Séville. Aujourd'hui, la ville est de nouveau en pleine extension, avec 300000 habitants, alors qu'elle n'en comptait que 50000 en 1930, grâce à la richesse agricole de la région. 

Elle s'étend par des quartiers modernes vers le nord, sur les contreforts de la sierra Morena, qui la domine.Après cette longue ballade jusqu'à la tombée de la nuit, nous retournons à l'hôtel et recherchons un endroit pour dîner. Dimanche soir, peu d'endroits sont ouverts autour de notre hôtel. Nous trouvons juste un petit restaurant ouvert sur la place où nous avions mangé le midi. Puis, retour à l'hôtel, Armance est fatiguée et la température a beaucoup baissé, plus le courage de repartir se balader en ville.

Visite de Cordoue

Lundi 19 février 2001 : Lever vers 8h00, nous prenons notre temps, nous allons passer toute la journée à Cordoue. Nous sommes lundi et ce n'est hélas peut-être pas le meilleur plan pour être dans cette ville car beaucoup de lieux publics et musées sont fermés ce jour là. ; je n'y avais pas prêté attention. Heureusement, nos guides indiquent que les principaux sont ouverts, particulièrement la Mezquita. Nous déjeunons dans un petit bistrot, à quelques pas de notre hôtel. L'activité semble reprendre aujourd'hui, c'est lundi. En route ensuite pour la Mezquita, dont nous allons enfin découvrir l'intérieur. nous longeons d'abord les façades extérieures, qui sont tout de même belles pour certains panneaux muraux, très sculptés. Nous pénétrons dans la cour des orangers, où nous nous étions déjà rendu la veille et prenons nos tickets dans une petite guérite. 

Je ne vais pas ici décrire en détail l'intérieur de la Mezquita ; les guides touristiques le font très bien. Je veux seulement exprimer, après un bref rappel historique, mon sentiment d'admiration pour ce lieu, fait d'équilibre et de perfection, somptuosité d'une architecture savante et non prétentieuse. La construction de la grande mosquée à débuté au 8ème siècle, à l'emplacement d'une ancienne église. Son extension s'est poursuivie au 9ème et au 10ème siècle.

L'intérieur de la Mezquita : le Mihrâb

C'est à ce moment qu'elle connaît son apogée. A partir du 13ème siècle et de la reprise de la ville par les chrétiens, elle est transformée en cathédrale et subit des aménagements malheureux qui nuisent à son unité. Le pire est sans doute la construction à la toute fin du 16ème siècle du chœur de la cathédrale au centre de la mosquée.

La Mezquita : La cour des orangers

Il reste cependant un ensemble architectural unique au monde. On dit que cette mosquée est le pendant de la mosquée des Ommeyades à Damas, en Syrie. Il est vrai que si un magicien de l'architecture pouvait réunir la cour de la mosquée de Damas et le bâtiment de la mosquée de Cordoue, nous serions en face d'un chef d'œuvre absolu et quasi complet de l'art musulman. On reste ébahi par cette forêt de colonnes à l'intérieur de la mosquée : il y en a environ 850.Elles sont toutes différentes et proviennent de l'ensemble du bassin méditerranéen (Espagne, France, Turquie, Tunisie...). Le mur sud, où se trouve le Mihrâb, est magnifiquement décoré de fresques de mosaïques et de frises. Les parties chrétiennes font bien sûr quelque peu incongrues dans cet espace, mais c'est l'héritage historique. A l'extérieur, le minaret, transformé en clocher, date originellement du 8ème siècle et servira de modèle à la Giralda de Séville.

Vous l'avez compris, un lieu unique, incontournable, dans la découverte du patrimoine culturel de l'humanité. Grenade nous réservera l'autre grande surprise du voyage. Nous visitons ensuite le palais épiscopal, qui se trouve en face de la cathédrale, côté ouest. Il présente une collection de peintures d'artistes espagnols anciens, de mobilier et de tapisseries. Rien d'extraordinaire, sauf peut-être le bâtiment et son patio central, avec des arbres fruitiers bien chargés (oranger, citronnier, mandarinier, pamplemoussier). Nous quittons les alentours de la mezquita et traversons le Guadalquivir, le fleuve qui traverse Cordoue, en empruntant le pont romain. De l'autre côté, la tour de Callahora, du 14ème siècle, construite par les musulmans pour protéger la ville, et qui abrite un musée privé ; la fondation Roger Garaudy, le philosophe français. Nous ne visitons pas, pas convaincus de l'intérêt de cette visite et du message dispensé par cet homme. De ce côté du fleuve, on a cependant une vue globale sur la cathédrale et les montagnes qui ceinturent la ville au nord.

Nous retournons vers le centre et recherchons près de la cathédrale un petit restaurant, dans un patio, indiqué par notre guide. Nous déjeunons d'un 'menu  del diaz' et repartons ensuite à la découverte de la vieille ville : l'ancien quartier juif ; la Juderia, et la porte d'Almodovar. Nous passons près de l'Alcazar, réputé pour ses jardins, mais ceux ci sont fermés le lundi. Nous atteignons la ville nouvelle et arpentons les avenues modernes, faisant un peu de shopping dans le 'Cortes Jungle' (je ne suis plus sûr du nom de cette chaîne espagnole), puis nous arrêtons dans un grand jardin public, Armance profitant un peu des jeux pour enfants et Sibylle se reposant. Le ciel est magnifiquement bleu et la température assez bonne, environ 20 degrés. Vers 16 heures, nous nous dirigeons vers le Palacio de Viena, un palais du 15ème siècle réputé comme le plus beau de la ville : déception, il est fermé cet après midi pour raison inconnue alors qu'il devait être ouvert. Devant la porte clause, beaucoup de touristes un peu dépités, particulièrement des Français.

Nous regagnons donc tranquillement notre hôtel, prenant plaisir à se perdre dans les petites rues et se guidant à la position du soleil, on retrouvera bien vers le sud du Guadalquivir et notre hôtel ! Nous voyons de nombreuses petites maisons de ville, aux façades souvent modestes, mais cachant derrière les portes de fer forgé des petits patios, qui, au printemps, regorgent, parait-il, de fleurs. En ce mois de février, bien sûr, les géraniums ne sont pas encore en bouton !

La plaza de la Tendillas

 Après un peu de repos à l'hôtel, nous décidons de retourner dans la ville nouvelle, vers la plaza de la Tendillas, où se trouvent quelques brasseries où nous pourront dîner. Sur la route, nous stoppons au supermarché 'Champion' (le même qu'à côté de chez nous...), où nous achetons quelques produits locaux (huile, vin, olives, gâteau). Le dîner se révèle pas mauvais, un classique menu del diaz. Sibylle est cependant un peu écœurée par son poulet frit qui beigne dans l'huile d'olive... Retour à l'hôtel et dodo.

De Cordoue vers l'est de l'Andalousie

Mardi 20 février 2001 : Lever vers 7h30, nous quittons Cordoue ce matin. Déjeuner dans un bar différent de la veille, installé dans le patio d'une maison, heureusement couvert, car il n'y ferait pas chaud. Le ciel est toujours au bleu, mais il a dû pleuvoir un peu dans la nuit. Nous comptons ce matin visiter deux sites proches de Cordoue, puis partir ensuite vers l'est, vers les villes de Ubeda, Baeza et Jaen.

Le château de Almodovar del Rio

Nous nos dirigeons d'abord, en empruntant la route de Séville, vers Almodovar del Rio, à une vingtaine de kilomètres. La petite ville est connue pour son fier château d'origine musulmane, qui la domine. Nous grimpons les petites rues du village et stoppons au pied du château, que l'on peut atteindre par un petit chemin caillouteux. Occasion d'une jolie balade au soleil matinal. Le château est en excellent état, sans doute restauré. C'est une propriété privée qui ne se visite pas. 

Belle vue sur la campagne environnante. Nous revenons ensuite sur nos pas pour visiter le site de Medina az-Zahara. Il s'agit d'une ville et de palais, pendant civil de la Mezquita, datant du 10ème siècle. Il ne reste pas grand chose à voir, car le site est très ruiné. Et surtout, je vais pousser ici un gros cri de colère : en effet, je trouve que la restauration du site est outrageusement tapageuse. Les décors de frises et de stuc, si caractéristiques de l'art maure, sont recomposés comme du carton pâte ; les colonnes sont remontées au béton, les murs sont cimentés : c'est époustouflant de voir ceci en Europe, alors que je pensais que l'on avait compris maintenant les leçons tirées des restaurations ravageuses de certains sites archéologiques dans les décennies précédentes. Avec les nombreux cars d'écoliers qui visitent le site, on a l'impression de venir dans un Disneyland culturel : un très mauvais point du voyage. Dommage, car ce site, ruiné et juste entretenu, à flanc de montagne, dominant la plaine, aurait sans doute conservé sa beauté et aurait été bucolique à souhait.

Nous quittons le site vers 11h00, repassons par la ville de Cordoue et mettons le cap sur l'est : nos prochaines étapes sont Ubeda, Baeza et Jaen. Environ 180 km séparent Cordoue de Ubeda, et une bonne partie se fait par autoroute. Les paysages sur le parcours ne me laissent pas un souvenir mémorable. Je roule très vite, l'aiguille du compteur frôlant souvent les 180 km/h, c'est fou ce que cette Ford Focus diesel marche bien... Je sais, ce n'est pas prudent, avec un enfant et une femme enceinte... Moins de deux heures plus tard, nous avons atteint Ubeda. nous stationnons dans un parking proche du centre et de la vieille ville, préférant ne pas nous engager dans les habituelles petites rues impraticables, et partons à pied pour la visite : Ubeda est une ville de 30000 habitants.

Il reste de cette période un magnifique ensemble architectural ; la plaza de Velasquez de Molina. Autour de cette place, s'ordonnent l'église del Salvador, le palais du connétable, le palais des chaînes et l'église Santa Maria, quatre bâtiments d'inspiration renaissance. Nous jetons un premier coup d'œil sur la place et recherchons un restaurant pour déjeuner car il est déjà presque 14h00. Ce n'est pas une mince affaire d'en trouver un, mais le menu del diaz n'est pas mauvais. 

Ubeda : l'église del Salvador sur la plaza de Velasquez

Retour sur la place où nous prenons le temps de bien admirer les monuments. La place se trouve au bout de la vieille ville, qui domine en haut de sa colline la plaine environnante. Une promenade le long de remparts permet de bénéficier d'une très belle vue sur les montagnes de la sierra de Cazorla, qui culmine à environ 2000 m d'altitude.

Nous revenons vers le centre moderne en empruntant les petites rues de la ville. Je trouve que les maisons ont ici beaucoup de charme et qu'elles sont plus belles qu'à Cordoue : certaines sont de véritables petits palais. Cette ville a visiblement connu son heure de gloire au début du 16ème siècle. Les riches aristocrates et propriétaires terriens étaient ouverts aux mouvements artistiques nouveaux en Europe, et particulièrement en Italie, ce qui explique la construction de ces belles demeures. Nous passons par la place 1er de Marzo, où étaient installés les bûchers de l'inquisition. Nous terminons notre visite par l'hospital de Santiago, bâtiment plus récent (fin 16ème), massif mais élégant, qui est actuellement (entre autre) l'office du tourisme de la ville. Ubeda nous laisse donc un très agréable souvenir, avec son charme de petite ville provinciale et la beauté de ses monuments, dont l'unité est remarquable.

Nous quittons Ubeda pour nous rendre à Baeza, à moins de 20 km. Nous avions prévu de dormir à Jaen, mais il est déjà tard et il serait dommage de ne pas profiter de notre visite à Baeza : nous décidons donc que nous y dormirons. Et cela sera d'ailleurs une excellente idée, car Baeza  est une petite perle. Il s'agit d'une petite ville (peut être 15000 habitants), très 'sous-préfecture', mais qui cache en son sein quelques magnifiques bâtiments gothiques et renaissance. Comme Ubeda, elle a connu son heure de gloire au 16ème siècle, avec une économie florissante et une élite aristocratique.

 

Baeza : le palacio de Jabalquinto de Velasquez

 Nous trouvons un hôtel dans la vieille ville : l'hostal el Patio, avec, comme son nom l'indique, un patio couvert aménagé en salon agréable, bien que un peu froid en février. La chambre est vaste, dommage que le mobilier soit si triste. Nous partons à la découverte des monuments proches les plus intéressants, particulièrement le palacio de Jabalquinto, la plus belle demeure de Baeza avec sa façade gothique flamboyante et son patio intérieur, que nous pûmes visiter. 

La cathédrale toute proche, et les ruelles adjacentes sont également plaisantes à visiter. Nous repartons ensuite vers la plaza de Espana, le centre de la ville, et les quelques rues qui en partent, pour voir d'autres petits palais et églises de la même époque. Nous prenons un café dans la grande brasserie principale sur la plaza de Espana. Nous remarquons qu'il y a ici beaucoup de maghrébins. Sans doute des travailleurs embauchés pour les travaux agricoles. 

Baeza : la cathédrale

Retour à l'hôtel pour se reposer un peu avant d'aller dîner.Nous trouverons difficilement un restaurant qui nous convienne, malgré les adresses assez nombreuses proposées par notre guide. Finalement, nous mangeons dans ce qui était visiblement un ancien restaurant chinois, reconverti en petit restaurant traditionnel, avec un menu del diaz honnête et bon marché. Avant de rentrer à l'hôtel pour nous coucher, nous retournons vers la cathédrale, et c'est assez magique. Il n'y a presque personne dans les rues, et l'éclairage nocturne des différents bâtiments, très bien réalisé, met en valeur l'architecture. Un souvenir mémorable. Retour à l'hôtel pour une nuit frisquette, le malheureux petit radiateur de notre vaste chambre donnant ce qu'il peut...

Sur la route de Grenade

Mercredi 21 février 2001 : Lever vers 8h00. Nous allons déjeuner dans une pâtisserie du centre. Sibylle ne se sent pas bien ce matin, des étourdissements. Elle n'a pas trop le moral. Heureusement, cela va passer au cours de la journée. Nous prenons la route pour Jaen, un voyage de 50 kilomètres à travers la campagne plantée d'oliviers. Jaen nous apparaît, toute blanche, étagée le long d'une colline et au pied des montagnes. C'est une ville plus importante que Ubeda et Baeza : environ 100000 habitants, avec une partie ancienne et des quartiers modernes sans charme. Nous nous enfilons dans la ville, qui dispose, comme à l'habitude, d'un plan de circulation confus, de nombreux sens interdits et de petites rues. L'objectif étant de nous rapprocher de la cathédrale, en hauteur, nous prenons le parti d'emprunter toute rue qui monte. Cela finit par payer puisque nous arrivons finalement au pied de la cathédrale et nous trouvons quelques dizaines de mètres plus loin une place de parking, bon plan. 

Jaen : la cathédrale, vue du castillo

Nous commençons la visite par la cathédrale, construite au 16ème et 17ème siècles, d'inspiration presque baroque. Puis, par les rues de la vieille ville, nous partons vers le palais de Villardompardo, construit au 16ème siècle, qui abrite deux musées et les plus grands bains arabes d'Espagne, qui furent redécouverts au début du 20ème siècle. Le musée d'art naïf est le premier d'Espagne et nous a fait penser à la Halle Saint Pierre, au pied de la butte Montmartre (dont la cafétéria est notre bistrot et lieu de rendez vous du quartier - clin d'oeil!).

 Les bains arabes ont été restaurés et se visitent agréablement. Bon, pas de quoi non plus se rouler par terre... Nous terminons la ballade par l'église de la Magdalena, ancienne mosquée reconvertie, dont, comme c'est souvent le cas, nous ne voyons que l'extérieur, puisque les portes en sont fermées. Retour par des petites rues vers la cathédrale. La ville n'est pas déplaisante mais c'est sans regret que nous n'y avons pas dormi ; c'était beaucoup plus agréable à Baeza. nous mangeons de sandwichs dans un bar près de la cathédrale et repartons en voiture vers le castillo de santa catalina, le château qui domine toute la ville. Hyper-restauré, la visite vaut surtout pour la magnifique vue qui s'offre sur la ville, que l'on surplombe d'une manière impressionnante, les campagnes couvertes d'oliviers et les contreforts d'une des nombreuses sierras de la région.

La visite terminée, nous prenons la route pour une de nos principales étapes du voyage : Grenade. Une centaine de kilomètres par autoroute, qui serpente entre les montagnes. Rapidement, nous atteignons la ville de Grenade qui se dessine sur le fond montagneux et enneigé de la Sierra Nevada. Encore une fois, et ce fut peut être la pire, l'entrée dans la ville se révèle un calvaire. Nous quittons le 'périphérique' pour entrer dans la ville, ou nous avançons sans indication et perdons beaucoup de temps, pour finalement nous retrouver de nouveau sur le périphérique, quelques kilomètres plus loin. Nous dépassons même la ville et revenons sur nos pas. Nous rentrons de nouveau dans la ville, guidé par l'Alhambra, comme seul point de repère, la zone des hôtels se trouvant à son pied. Enfin, nous nous repérons sur notre petit  plan et, difficilement, atteignons le quartier des hôtels. Et, tout proche du but, un sens interdit nous oblige à refaire un grand tour, ne pouvant revenir sur nos pas... Désespérés, nous finissons par trouver un parking public souterrain où nous nous garons. Cela fait plus d'une heure que nous sommes arrivés à Grenade. Heureusement, l'hôtel Landazuri, que nous avions choisi, n'est pas très loin, a de la place, et propose un parking (payant). Je retourne rechercher la voiture et la parque définitivement jusqu'à notre départ de Grenade. La chambre est un peu vieillotte mais vaste et propre (35 euros+8 euros de parking).

Il nous reste la fin d'après midi et la journée complète du lendemain pour découvrir Grenade. La ville compte environ 250000 habitants et est très active. Son histoire est longue et proche des autres grandes villes d'Andalousie. Au 8ème siècle, elle fut envahie par les musulmans et fut également la dernière à tomber au 15ème siècle, reprise par les chrétiens. Au 14ème siècle, elle était une des villes les plus riches et les plus florissantes d'Europe.

Vue sur Grenade depuis l'Alhambra

 A partir du 16ème siècle, elle sombra petit à petit dans le déclin et son renouveau date du 19ème siècle, avec la redécouverte de ses nombreuses richesses architecturales. Une grande partie de la ville est neuve et ne présente pas d'intérêt. Par contre, le centre historique présente des bâtiments plus anciens  et surtout la cathédrale et la superbe capilla real (la chapelle royale). Mais le plus impressionnant à Grenade, et sans doute l'objet de toutes les visites touristiques dans cette ville est l'Alhambra, avec ces magnifiques palais arabes. A voir bien sûr aussi le quartier de l'Albayzin, sur la colline qui fait face à l'Alhambra, quartier ancien, avec ses ruelles et ses maisons blanches.

Après avoir pris un café en terrasse de la plaza nueva, cette agréable place semi-pietonne, proche de notre hôtel, et où se retrouvent sans doute l'ensemble des touristes qui passent à Grenade, nous décidons de nous consacrer à la visite de la ville basse, et donc la cathédrale et la capilla real. Cette chapelle, construite au début de 16ème siècle, dans le style gothique espagnol, est le tombeau  de Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, les fondateurs de l'Espagne unifiée, qui va dominer le monde par ses conquêtes dans les décennies suivantes. Il s'agit bien sûr d'un bâtiment à l'architecture somptueuse et élancée. Le petit musée attenant comprend une collection de peintures de grands maîtres flamands.

Toute proche, nous visitons ensuite la cathédrale. Celle-ci date du milieu du 16ème siècle et c'est particulièrement son intérieur, transition entre le gothique et la renaissance, qui présente un intérêt. Les façades extérieurs sont massives et n'offrent aucun  recul puisque le bâtiment est inséré très fortement dans le tissus d'immeubles qui l'entourent. Nous nous promenons ensuite dans les rues commerçantes et piétonnes du quartier, très animées et agréables. Nous en profitons pour faire un peu de shopping, bénéficiant des soldes qui se terminent en cette saison, ici comme en France.

Après notre retour à l'hôtel et un petit repos, nous allons manger dans un restaurant-bar à tapas, proche de la plaza nueva, où nous commandons des mets à la carte, ce qui nous change un peu du rituel du menu del diaz. Je prends pour ma part une assiette complète de charcuteries andalouses, un petit plaisir (un peu onéreux). Sibylle se reporte sur une paella excellente. Retour à l'hôtel et dodo.

Journée à Grenade

Jeudi 22 février 2001 : Lever vers 8h00. La journée sera principalement consacrée à la visite de l'Alhambra, c'est tout du moins notre objectif prioritaire. Les guides prévoient une journée mais je connais notre rythme, toujours assez rapide... Nous déjeunons dans une petite brasserie et prenons le petit bus navette qui permet de monter au sommet de l'Alhambra. Nous arrivons donc de bonne heure au guichet d'entrée. Il y a un peu de monde mais ce n'est pas une foule compacte. J'imagine qu'en pleine saison, la foule doit ici être très dense ; j'ai lu qu'il faut parfois plus de deux heures pour pénétrer dans les palais arabes.

Il y a en fait quatre visites à effectuer à l'Alhambra : les palais arabes, le palais de Charles Quint, l'Alcazaba et les jardins du Generalife. Sans y passer la journée, comme cela était indiqué sur notre guide, compter une demi-journée de visite bien remplie pour faire le tour, à un bon rythme. Tout dépend sans doute aussi du nombre de visiteurs. Pour nous, en cette saison, pas de problème. Nous commençons la visite par le meilleur, c'est à dire les palais arabes. Il s'agit du seul palais arabe du moyen âge encore debout, les bâtiments visibles datant du 14ème siècle.

Patio intérieur des palais arabes

Sont à visiter deux grands patios, un ensemble de salles plus ou moins grandes communicantes et des jardins. Sans exagérer sur les mots, c'est sublime. La décoration de stucs, d'azulejos, de colonnettes, de mosaïques est d'un incroyable raffinement. On dit que les arabes, dans leur décoration, avaient horreur du vide : c'est une réalité, que l'on retrouve également dans la Mezquita de Cordoue.

Nous flânons de salle en salle, de corridor en patio, véritablement émerveillé par cette richesse décorative, harmonieuse et équilibrée. Il s'agit ici d'un de ces quelques endroits au monde qu'il ne faut pas avoir manqué dans sa quête des perles du patrimoine artistique de l'humanité. Nous visitons ensuite l'Acazaba, la partie la plus ancienne de l'Alhambra. C'est une forteresse datant du 13ème siècle. 

Jardins des palais arabes

Le palais de Charles Quint

C'est elle qui est la 'proue' de l'Alhambra, dominant Grenade, et c'est finalement surtout pour la vue qu'elle offre sur la ville et la sierra Nevada qu'elle est la plus intéressante. Nous entamons ensuite la visite du palais de Charles Quint, un peu incongru par son architecture au milieu des autres bâtiments médiévaux.

 Il s'agit d'un palais renaissance du début du 16ème siècle avec un patio en cercle et à colonnade à l'intérieur, assez étrange. Le bâtiment n'a jamais été occupé et est maintenant un musée de peinture et un autre d'art hispano-musulman, que nous visitons. Armance commence à en avoir assez et Sibylle est fatiguée. Nous nous dirigeons donc vers la sortie, où je les abandonne sur un banc pour une visite rapide des jardins du Generalife. Ces jardins sont entretenus depuis des siècles, dans un souci de perfection. Arbustes, rosiers, fleurs, bassin, tout est organisé savamment. En cette saison, le jardin n'est malheureusement pas fleuri. Je ne m'attarde pas trop à la visite et rejoins mes femmes assez rapidement !

Nous reprenons tranquillement la navette pour la plaza nuevo et déjeunons dans une brasserie très sympathique de tapas et de plats simples. Un café s'impose ensuite sur la plaza nuevo, pour profiter du soleil de début d'après midi, qui met la température à plus de 20 degrés; Lunettes de soleil sur le nez, nous lézardons un peu, pensant au temps qu'il doit faire à Paris.

Nous profitons de l'après midi pour nous promener dans le quartier de l'Albaicin, sur la pente de la colline en face de l'Alhambra. C'est un quartier de petites maisons blanches, avec des ruelles pittoresques, qui fut le dernier lieu de refuge des musulmans, avant leur élimination au 16ème siècle par les chrétiens. Ce quartier offre de superbes vues sur l'Alhambra. 

Le bas du quartier de l'Albaicin

Nous y visitons, dans un petit palais du 16ème siècle, au pied du quartier, le musée archéologique (intérêt mineur pour la collection). Tout en haut du quartier, on atteint une place qui offre la vue la meilleure et où se retrouvent évidemment tous les touristes. Nous entamons la descente de la colline par d'autres ruelles, qui s'animent à l'approche du centre de la ville, avec de nombreuses boutiques et restaurants. De retour en ville, nous buvons un verre en terrasse puis partons faire un peu de shopping dans les magasins de vêtements, dont les soldes nous laissent entrevoir quelques intéressantes occasions... Une pensée tendre à notre chère petite fille, qui nous a suivi toute la journée sans trop broncher, de la visite de l'Alhambra, aux ruelles de l'Albaicin pour terminer dans des magasins...On se dit souvent que nous avons de la chance.

Le soir, après un petit repos à l'hôtel, nous allons dîner dans le même restaurant que la veille, celui-ci nous ayant bien plu. Tapas et plats, arrosé comme cela se doit, de vin espagnol. Retour à l'hôtel et dodo.

De Grenade à Almeria, par les Alpujarras

Vendredi 23 février 2001 : Lever vers 8h00. Nous quittons Grenade ce matin. Le ciel est couvert, c'est ennuyeux car nous avons l'intention de faire de la montagne. On se dit que cela peut s'arranger. Nous déjeunons à l'hôtel, pour gagner du temps, et je vais rechercher la voiture au garage. Quitter Grenade est plus rapide que d'y rentrer ! Nous prenons la route en direction de Motril, vers le sud et la mer, mais allons bifurquer rapidement vers l'est pour emprunter un parcours de montagne qui traverse la région de Las Alpujarras. Il s'agit de la région adossée au sud de la sierra nevada. Pour l'histoire, ce fut une région très reculée, aride et pauvre. Elle fut la région de refuge des derniers musulmans chassés par les chrétiens : l'aspect des villages, de type un peu berbère, en garde la trace. Cette région a été redécouverte par le tourisme il y a une vingtaine d'années et fait aussi visiblement l'objet d'un équipement financé par l'Union Européenne. Nous allons donc faire près de 200 km en montagne, par des routes pas trop mauvaises, mais qui n'en finissent pas de tourner... J'ai rarement, sur une telle distance, subi autant de virages, on fait rarement 200 m en ligne droite... Ceci aura pour conséquence de tout de même fatiguer Sibylle, principalement en fin de parcours. Ce type de circuit n'est quand même pas des plus recommandés pour une femme enceinte. 

Nous traversons la ville de Lanjaron, station thermale vide en cette saison, et connue par les bouteilles d'eau minérale que l'on peut consommer dans toute l'Andalousie. Nous stoppons ensuite à Orgiva, autre petite ville de montagne. Le temps est ici plus frais, et le ciel nuageux. Nous prenons un café dans une petite brasserie. On voit encore ici des paysans avec des ânes ; c'est rare de nos jours en Europe de l'ouest. Nous décidons de quitter la route principale pour des plus petites routes pittoresques qui doivent nous mener dans la montagne aux villages les plus typiques de la région. En fait, la petite route, récemment refaite, est de meilleur revêtement que la route principale. Nous atteignons les villages les plus élevés ;Pampaneira, Bubion et Capileira. Nous stoppons dans ces villages pour nous promener un peu (bien, qu'objectivement, il n'y a pas grand chose à voir ; c'est surtout le cadre du village). La neige est toute proche, sur les pentes des montagnes. Le temps s'améliore un peu et le soleil transperce derrière les nuages. Nous continuons vers l'oust, passant par Trevelez, réputé village le plus haut d'Espagne et connu également pour sa charcuterie. Le village est coincé au fond d'une vallée, avec un beau décor de montagnes enneigées derrière. Nous continuons jusqu'à Berchules, petit village isolé où nous stoppons pour déjeuner. Comme les autres, des petites maisons blanches accrochées à la montagne. Nous mangeons dans le café central, où la patronne nous sert quelques sandwich de charcuterie. Un agréable moment authentique.

La route se poursuit ensuite vers l'est, en région semi-montagneuse, traversant des villages, mais toujours aussi sinueuse, sur une centaine de kilomètres. Nous roulons à une moyenne guère supérieure à 40 km/h. Enfin, nous retrouvons la grande route Grenade / Almeria, qui contourne la sierra nevada par le Nord, et qui aurait pu être notre autre itinéraire pour rejoindre la côte. Comme nous sommes maintenant très proche d'Almeria et qu'il n'est pas encore trop tard, nous remontons sur la grande route vers le nord, pour atteindre la région de Tabernas, où l'on découvre des paysages assez impressionnants de canyons et de désert, proche de ce que l'on peut trouver dans l'Arizona. Cette région servit d'ailleurs de cadre à de nombreux western 'spaghetti'. On peut visiter d'ailleurs deux ou trois parcs d'attraction installés ici, mettant en scène l'esprit western... A éviter, je pense. Demi tour sur Almeria, il est temps de clore le voyage de la journée.

Comme à l'habitude, l'entrée dans la ville et la recherche de l'hôtel sont fastidieuses. Je trouve un premier hôtel mais qui ne nous convient pas du tout. Nous finissons par parquer la voiture et nous rendre à l'hôtel 'La Perla', grand immeuble des années 70 sans charme, qui nous propose une chambre fonctionnelle et propre pour 50 € (ce qui est tout de même très cher pour nous). J'arrive à 'caser' la voiture dans une petite rue proche et je pars seul à la découverte d'Almeria, Sibylle et Armance se reposant dans la chambre. Almeria, il faut bien le reconnaître, ne présente pas un intérêt exceptionnel. Je me dirige vers le château, qui domine la ville. La forteresse, qui fut sans doute aussi riche que celle de Grenade, a été détruite et il ne reste plus que les remparts et quelques tours. Je ne peux d'ailleurs y pénétrer car c'est fermé à cette heure. Je visite également la cathédrale, qui, par chance, est ouverte. Il s'agit d'un bâtiment d'extérieur massif, se rapprochant plus d'une église fortifiée que d'une cathédrale renaissance. De retour à l'hôtel, nous décidons d'aller dîner dans un restaurant proche. Soirée très calme.

De Almeria à Malaga

Samedi 24 février 2001 : Lever vers 8h00. Nous déjeunons dans une pâtisserie sur l'artère principale de la ville. Je prend pour la première fois des churros, beignets allongés que je trempe dans du chocolat velouté très onctueux (bonjour l'estomac...). Nous quittons rapidement Almeria, pour rejoindre Malaga par la côte (environ 200 km).

Évidemment, la côte n'a pas le charme de l'arrière pays. Déjà, à la sortie d'Almeria, nous rencontrons les serres. Cette région est le verger de l'Europe. Région pauvre à l'origine, on a trouvé comme moyen de se développer de mettre en place un système de culture sous serre, qui bénéficie de l'ensoleillement exceptionnel de la région. Je m'attendais à voir beaucoup de serres, mais cela dépasse presque l'imagination ! Les serres recouvrent des centaines, des milliers d'hectares, à perte de vue. Bien sûr, le paysage en prend un coup... mais on comprend très bien que ce n'est pas un problème pour les propriétaires du coin. Ce qui m'inquiète, c'est la manière dont est traitée cette terre. Ne va-t-elle pas mourir d'être trop exploitée ? Rendez vous dans 5, 10, 20 ans... Lorsque l'on rejoint la côte, la costa tropical, on emprunte donc la nationale, assez sinueuse, en bord de mer, avec les derniers contreforts de la sierra nevada. Toute cette côte jusqu'à Malaga est urbanisée et finalement laide et gâchée. Nous stoppons tout de même à Salobrena, petite ville blanche avec un château maure qui la domine, que nous visitons. Nous déjeunons le midi à Almunecar, autre ville touristique, avec un vieux quartier qui a le mérite de changer des immeubles moches construits sur la côte.

La circulation est assez difficile et nous mettons finalement plus de temps que prévu pour rejoindre Malaga, ce qui fait que nous nous rendons à l'aéroport immédiatement. Nous rendons la voiture et enregistrons rapidement. Il nous reste plus de deux heures avant le décollage ; le temps de dépenser nos dernières pesetas dans les boutiques en (semi) duty free (Europe oblige). Vol sur Corsair sans histoire, avec un petit plateau repas. Arrivée à Paris à 20h30, où il fait un degré et il neige....brrrrrrrrrrrrr.

Juin 1999 : l'ouest de l'Andalousie

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Fin de notre deuxième périple en Andalousie